Une vague de libéralisme, dernièrement illustrée par la vente de la vodka Absolut, balaye la Suède depuis l’accession au pouvoir d’un gouvernement de centre-droit en 2006 mais l’Etat-providence demeure bien vivant, affirment les analystes.
Depuis les élections de septembre 2006, la coalition de centre-droit dirigée par le Premier ministre Fredrik Reinfeldt a entre autres aboli l’impôt sur la fortune, abaissé les impôts sur le revenu tout en resserrant les conditions d’obtention des subventions d’Etat. Il a également lancé un programme de privatisations et commencé à vendre les participations de l’Etat détenues dans six entreprises avec l’ambition de mettre la main sur 150 milliards de couronnes (16 milliards d’euros). Mais l’une des réformes phares reste celle de l’assurance-chômage qui s’est traduite par un accroissement des cotisations et un abaissement des allocations, le but étant d’inciter les chômeurs à chercher plus activement un emploi plutôt que de vivre grâce aux subventions. Certaines règles ont été durcies pour combattre les abus.
Mais malgré ces changements, la Suède demeure un Etat-providence au système de santé universel et à l’éducation gratuite. Et « les Suédois sont très satisfaits de l’Etat-providence qu’ils soutiennent activement », commente Barbro Hedvall, éditorialiste au quotidien Dagens Nyheter. Politiciens et électeurs restent en outre fortement influencés par des décennies de social-démocratie, fondateur de l’Etat-providence et dont le parti éponyme est resté au pouvoir 64 des 77 dernières années.
Aussi la récente proposition d’un des partis de la coalition de limiter les allocations familiales aux familles dans le besoin alors qu’elles sont aujourd’hui attribuées à tous a ainsi été rejetée au motif qu’il s’agissait d’une violation des principes égalitaires, sur lesquels la société suédoise s’est construite.
Par ailleurs, pour remédier au fait que la réforme de l’assurance-chômage laisse près du quart des travailleurs sans assurance, le gouvernement prévoit l’introduction d’un système obligatoire pour tous les employés dès juillet 2009.
Le chômage décroît, le nombre de personnes en congés maladie décline tandis que la dette publique en 2007 était l’une des plus faibles d’Europe (38 % du PIB) et que le surplus budgétaire atteignait 134 milliards de couronnes (14,3 milliards d’euros). Les indicateurs économiques montrent que le gouvernement, bien qu’en recul dans les sondages, est en passe d’honorer ses promesses électorales et demeure bien placé pour faire face à un possible retournement de l’économie mondiale.