Matières premières : Le marché du platine devrait présenter un déficit important en 2008
Article du 19/05/2008
Le marché du platine restera en déficit en 2008, l’offre devant être au mieux stagnante et la demande toujours robuste, notamment dans le secteur automobile, estime le leader mondial de l’industrie des métaux du groupe platine, Johnson Matthey.
Présent naturellement dans la nature, l’utilisation du platine et de ses alliages remonte à l’époque des indiens pré-colombiens. Actuellement, la production de platine est très restreinte. Les deux principales sources sont en Afrique du sud et en Russie. Ce métal, d’une très belle couleur argent-blanc lorsqu’il est pur, est malléable, ductile, résistant à la corrosion et au ternissement.
En 2007, le marché du platine a enregistré un déficit de 480 000 onces, a révélé Johnson Matthey dans son étude annuelle. « Les pertes de production en Afrique du Sud ont réduit à 6,55 millions d’onces la production » tandis que « la demande de platine a progressé de 8,6 %, atteignant 7,03 millions d’onces », ont calculé ses analystes.
La consommation de métal n’a en effet pas donné de signe de faiblesse. Le secteur automobile mondial, qui consomme du platine pour la fabrication de pots catalytiques, est resté son principal moteur : la demande a bondi de 8,2 % en 2007, pour atteindre 4,23 millions d’onces.
La demande industrielle est par ailleurs restée très robuste, notamment dans l’électronique. Enfin, la demande des bijoutiers a résisté aux prix élevés, ne diminuant que très faiblement.
Johnson Mathey souligne également dans son rapport l’irruption en 2007 d’une nouvelle catégorie d’acheteurs : lancés au premier semestre 2007 à Londres et Zurich, les fonds spécialisés ETFs (exchange traded funds) ont « créé une nouvelle demande ».
Cette tendance devrait perdurer en 2008 et le marché pourrait présenter « un déficit du même ordre qu’en 2007 », avance Peter Duncan, directeur des études de Johnson Matthey, sans toutefois donner de chiffres.
En plus des problèmes déjà présents en 2007 - problèmes de sécurité, fermetures de mines en raison de conflits sociaux, difficultés du secteur à recruter du personnel qualifié -, la production devrait être affectée par « la crise énergétique en Afrique du Sud et la fermeture temporaire de la mine d’Amandelbult », précise l’étude.
Le marché du palladium a au contraire présenté un vaste surplus en 2007, chiffré à 1,75 million d’onces par Johnson Matthey. Ce surplus provient essentiellement des réserves massives de palladium détenues par l’Etat russe qui a écoulé l’an dernier 8,59 millions d’onces sur le marché.
La demande a cependant été dynamique, marquée par une progression de 3,5 % en 2007, à 6,84 millions d’onces. Comme le platine, la demande est tirée par l’expansion du secteur automobile où l’usage de palladium a bondi de 10,8 % en 2007. « L’écart de prix entre le platine et le palladium, très favorable au second, a encouragé les constructeurs automobiles à utiliser du palladium autant que possible dans leurs pots catalytiques », constate Johnson Matthey. La demande industrielle de palladium a donc progressé, pour la sixième année consécutive, mais à un rythme ralenti, tandis que la consommation en bijouterie fléchissait, notamment en Chine.
Le palladium est un métal précieux très rare. Dans la nature, on le trouve généralement en tant que platinoïde, lié à d’autres métaux tels que l’or, le nickel et le cuivre. La production de palladium est concentrée en Russie et en Afrique du Sud, créant une certaine instabilité concernant les prix et la fiabilité de l’offre. La principale utilisation du palladium se fait dans le secteur de l’automobile : elle représentait 44 % de la demande en 2005.
Pour 2008, Johnson Matthey table sur des prix évoluant entre 1 775 et 2 500 dollars l’once pour le platine et 400 et 775 dollars l’once de palladium et anticipe une forte volatilité pour les cours de ces deux métaux.