Bruxelles : Nicolas Sarkozy s'invite à l'Eurogroupe
Article du 09/07/2007
A l’Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro discutent argent et grandes orientations budgétaires. Cette fois, la réunion de Bruxelles compte un invité de plus. Nicolas Sarkozy a décidé d’y prendre part ce lundi afin d’expliquer à ses partenaires européens pourquoi la France a décidé de repousser à 2012 le retour à l'équilibre de son budget, alors qu'elle s'était engagée en avril sur la date de 2010.
Les mesures de relance ne passent pas inaperçu dans le budget national, tandis que parallèlement les déficits budgétaires et sociaux ont dérapé au premier trimestre.
La dette publique a en effet augmenté de plus de 33 milliards d'euros et est repassée à 65% du PIB (contre 63,7% fin 2006) alors que le pacte de stabilité et de croissance européen fixe une limite de 60% du PIB.
Les ministres des Finances de la zone euro écouteront avec intérêt l'intervention exceptionnelle du président français Nicolas Sarkozy lundi à Bruxelles, mais lui rappelleront l'accord européen pour assainir les finances publiques, a indiqué la présidence portugaise de l'UE.
« Nous attendons de voir ce que le président proposera en termes concrets » avant de juger, a expliqué lundi un diplomate de la présidence portugaise. « On verra bien ce qu'il va dire exactement, quelles idées il proposera ».
La présidence portugaise a également rappelé l'importance du pacte et la force politique de la déclaration de Berlin. « Il y a un accord entre tous les Etats membres, un accord réaffirmé en avril à Berlin », a insisté son diplomate.
Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, avait d'ailleurs averti le 30 juin que l'Europe ferait jouer « la pression des pairs » sur la France pour la faire respecter cet engagement politique.
L'Allemagne, qui a spectaculairement redressé ses comptes depuis 2006, risque d'être particulièrement ferme.
« S'il y a une petite brèche dans la digue, elle finit par se rompre », a averti lundi un diplomate, évoquant le Pacte de stabilité.
A propos de la gouvernance de la zone euro
Autre sujet abordé par Nicolas Sarkozy à l’Eurogroupe : une réforme de la « gouvernance » de la zone euro. Selon le président français, l'Eurogroupe doit acquérir davantage de poids politique pour contrebalancer les pouvoirs de la Banque centrale européenne notamment sur le taux de change de l'euro.
Nicolas Sarkozy estime que les niveaux record de l'euro face au yen et au dollar handicapent l'économie européenne. Mais le chef de l’Etat français apparaît cependant isolé sur ces questions.
« La ligne rouge commence où la politique essaye d'influencer la politique monétaire et menace l'indépendance de la BCE », a indiqué un diplomate.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a réaffirmé lundi que l'euro fort était « la meilleure preuve de la bonne tenue de l'économie de la zone euro ».