Objectif de Nicolas Sarkozy : 50% d'immigration économique
Article du 10/07/2007
Nicolas Sarkozy prônait, durant la campagne présidentielle, la poursuite de sa politique d’ « immigration choisie ». Aujourd’hui il réaffirme son objectif en fixant à 50% le taux d’immigration économique, contre 7% actuellement. « Vous fixerez chaque année des plafonds d'immigration selon les différents motifs d'installation en France et vous viserez l'objectif que l'immigration économique représente 50% du flux total des entrées à fin d'installation durable en France », a demandé le président de la République dans une lettre de mission au ministre de l'Immigration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux.
La France « doit accueillir des étrangers auxquels (elle) peut donner un travail, qui ont besoin de se former en France ou qui répondent à ses besoins économiques », poursuit Nicolas Sarkozy.
L’objectif à long terme de Nicolas Sarkozy semble toutefois ambitieux. Sur les 170 000 étrangers non européens ayant obtenu un premier titre de séjour en France en 2005, seuls 12 500 sont venus pour des raisons uniquement professionnelles. Les raisons familiales (mariage ou regroupement familial) demeurent de loin la première motivation des immigrants.
Pour développer l’immigration économique, le ministre pourra s’inspirer de modèles étrangers.
« Vous vous inspirerez à cet effet de la politique entreprise par certains de nos partenaires, par exemple le Canada ou la Grande-Bretagne, qui examinent les candidatures à l'immigration au regard d'un certain nombre de critères, y compris d'origine géographique, et déterminent en conséquence des priorités », ajoute la missive.
Il s'agirait de créer en accord avec les pays d'origine des filières de recrutement qui inciteraient les candidats à l'immigration à choisir la voie du travail plutôt que celle de la famille pour venir en France.
Inquiétudes
Mais l’objectif affiché de Nicolas Sarkozy suscite déjà la « plus vive inquiétude » de l’association SOS racisme.
Cet objectif et « la limitation absolue du nombre d'entrées sur le territoire » remettent « très gravement en cause le regroupement familial », estime l’association.
Le directeur de recherche au CNRS Patrick Weil a pour sa part souligné qu' « aucun pays au monde » n'atteignait le taux de 50% d'immigration économique et que la France ne pourrait le faire qu'en « violant massivement le droit à une vie de famille normale ».
La Cimade et le Gisti (Groupe d'intervention et de soutien aux travailleurs immigrés) ont pour leur part dénoncé l’atteinte au « droit à vivre en famille ».