Alors que les prix du brut restent à des niveaux élevés et suscitent des inquiétudes, les regards se tournent vers l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Objectif du lobbying occidental : convaincre le cartel d’augmenter sa production.
Côté marché, les cours du « light sweet crude » sont montés hier jusqu'à 78,77 dollars le baril à New York, un record, en réaction à un plongeon surprise des stocks américains de brut.
Côté industrie, l’activité des raffineries américaines bat son plein alors que leur période de maintenance est achevée, d’où un bond de la demande de brut qui a fait chuter les stocks aux Etats-Unis. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que cette augmentation de la demande devrait atteindre 2,8 millions de barils par jour (mbj) dans les prochaines semaines.
Côté consommateurs, les prix à la pompe suivent bien évidemment la tendance. Plus encore, et sur le long terme, la hausse des prix du pétrole a entraîné celle des autres énergies importées. Ainsi, les prix de gros du gaz sur les marchés à court terme ont progressé de 76 % entre 2004 et 2006 en France. Les prix de gros de l’électricité ont également augmenté car ils s’alignent sur les coûts de la centrale la moins performante en Europe, souvent une centrale au gaz ou au charbon.
Or, l’OPEP, face à cette poussée de l’or noir, se terre dans son mutisme et juge que cette flambée est liée non pas à un manque de brut mais aux problèmes de raffinage aux Etats-unis, aux tensions géopolitiques et à la spéculation. L’organisation souligne également que les stocks américains de brut sont au plus haut depuis neuf ans et que ceux de l’OCDE sont supérieurs à leur moyenne des cinq dernières années.
De fait, l’OPEP estime que fournir davantage de brut aujourd’hui reviendrait à empiler des barils dans les terminaux américains, qui croulent déjà sous un pétrole que les raffineries peinent à transformer. Selon elle, une augmentation de sa production serait par ailleurs sans effet sur les prix.
Il y a dix jours toutefois le président de l’organisation, l’émirati Mohammed al-Hameli, s’est dit « préoccupé » par les prix actuels et le cartel s’est dit prêt à accroître si nécessaire sa production. Il s’agissait là de la première indication notable de l’OPEP pour enrayer la hausse des prix.
Toutefois, les principaux importateurs d’or noir – le cartel produit plus des deux tiers du brut mondial – ne s’avancent guère. Ils ne promettent pas de pomper plus de pétrole à court terme et encore moins « avant la fin de l’année ».
Pour autant, la demande occidentale ne manque pas de logique car les importateurs de pétrole cherchent à accumuler des réserves avant l’hiver.