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Liban : le bastion islamiste de Nahr al-Bared tombe enfin

Article du 03/09/2007

Depuis mai dernier, l’armée libanaise et un groupuscule islamiste s’affrontaient autour du camp palestinien de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban. Les combats meurtriers avaient dans un premier temps fait fuir des dizaine de milliers de réfugiés palestiniens vers d’autres camps surpeuplés de la région et depuis le front stagnait.
Hier, le camp est tombé aux mains de l’armée libanaise après une opération désespérée, pendant la nuit, des derniers islamistes du Fatah al-Islam, qui ont tenté de s'enfuir en forçant le passage à travers les positions des soldats déployés autour de Nahr al-Bared.
Trente-sept islamistes ont été tués, selon l’armée, et une quinzaine d’autres capturés. Parmi les morts se trouve le chef du Fatah al-Islam, le Palestinien Chaker al-Abssi, a indiqué en soirée l’armée.

Trois mois d’affrontements

Le Premier ministre Fouad Siniora a salué la « plus grande victoire » du Liban contre le terrorisme. Ces combats, sur fond de crise politique, ont aggravé le climat d’instabilité au Liban, et sont les plus meurtriers depuis la fin de la guerre civile en 1990.
La Syrie, accusée par les Etats-Unis de fomenter les violences au Liban, a félicité hier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, l’armée libanaise pour ce succès, réfutant de nouveau tout lien avec le « groupe terroriste ».
Si le symbole est fort pour le gouvernement, ce dénouement marque le début d’une longue période pour reconstruire le camp en ruines. Fouad Siniora a d’ailleurs appelé les pays donateurs à se réunir le 10 septembre. L’armée a appelé les 31 000 habitants de Nahr al-Bared, qui avaient fui au début des combats, à attendre que le camp soit nettoyé avant d’y revenir.
Le Premier ministre a enfin assuré que, désormais, le camp passerait « sous l’autorité de l’Etat libanais » uniquement, alors que les 12 camps palestiniens du Liban échappent jusque-là à l’autorité de l’Etat. La mission s’annonce ardue.
Sur place, la fin des combats a été accueillie par des scènes de liesse autour du camp, où se sont précipités des milliers d'habitants des alentours. Les soldats, à l’intérieur, ont tiré des coups de feu en l’air. D’autres, à l’extérieur, se sont embrassés et ont fait le « V » de la victoire.

Le Fatah al-Islam

Le Fatah al-Islam est un mouvement militant sunnite, qui a fait du camp de réfugiés de Nahr al Bared sa base opérationnelle l’année dernière. Un bastion idéal pour ces miliciens dans la mesure où les camps de réfugiés constituent une zone de non droit particulièrement difficile à appréhender sur le plan de législation. Aux termes d’accords libano-palestiniens conclus il y a 38 ans, les forces de l’ordre libanaises ne sont pas autorisées à entrer à l’intérieur des camps palestiniens. Les activistes palestiniens violent eux le droit de l’ONU en étant armés dans un camp de réfugiés.
Basé en Syrie, le Fatah al-Islam est un groupuscule extrémiste palestinien - qui emploie également d’autres nationalités arabes et des anciens combattants en Irak -, émanation du prosyrien Fatah-Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 1980 et opposé au Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.
Le mouvement dit partager les analyses d’Al Qaïda, sans pour autant entretenir de liens opérationnels avec la nébuleuse dont Oussama ben Laden.
Son leader, Chaker al-Absi, mort hier, était recherché dans trois pays depuis sa libération en Syrie. Parmi les militants du Fatah al-Islam tués par l’armée libanaise figurerait Saddam el-Hajdib, numéro 4 de l’organisation et soupçonné de participation à un attentat avorté contre un train l’été dernier en Allemagne. Considéré comme proche de l’ancien chef d’Al-Qaïda en Irak al-Zarqaoui, l’homme avait été jugé par contumace au Liban en relation avec cette tentative d’attentat.
Le Fatah al-Islam est soupçonné par les autorités libanaises d’être l’outil des services de renseignement syriens dans une tentative de déstabilisation du Liban. Damas dément. Mais les relations entre les deux pays ont toujours été plus que tendues.
En février 2005, la mort criminelle de l’ancien premier ministre Rafic Hariri a été considérée pour beaucoup de Libanais le fait de la Syrie. Cet attentat a provoqué des manifestations libanaises sans précédent contre l’occupation syrienne. Mi-mars, sous la pression de la rue et la pression internationale, et après 30 ans de contrôle, Damas a déclaré à l’ONU son intention de retirer l’ensemble de ses forces et personnels de renseignement du Liban. Un retrait effectif mais à reculons durant tout le printemps 2005 même si la multiplication des attentats contre des personnalités politiques durant le restant de l’année 2005 a témoigné pour certains d’un reliquat de présence syrienne au Liban.
Par ailleurs, en 2006, suite à un accrochage entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière, la guerre avait mis à sac les réussites de la reconstruction et du renouveau économique du Pays du Cèdre, fort de 4,5 millions d’habitants. Ces violences ont fait plus de 1 200 morts parmi la population civils, dont 30 % d’enfants de moins de 12 ans, et près d’un million de déplacés. Le coût des destructions au Liban est estimé à au moins 15 milliards de dollars. Sans compter l’instabilité politique et économique qui est le quotidien du pays depuis l’assassinat de Rafic Hariri.
Les grand pays occidentaux ont promis des enveloppes financières mais ces aides restent toutefois insuffisantes pour remettre le pays sur pied, assurer les nécessaires réformes socio-économiques et politiques, redresser l’économie, permettre les opérations de déminage et d’enlèvement des engins non explosés…

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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