Réserve fédérale : dans l’attente du verdict de la Fed
Article du 18/09/2007
Fin du suspense aujourd’hui. Qu’elle soit de 25 ou de 50 points de base, les marchés attendent avec impatience la décision de la banque centrale américaine (Fed) qui devrait baisser significativement ses taux directeurs. La Fed convoque son comité de politique monétaire (FOMC) pour réexaminer le niveau de son principal taux directeur, fixé à 5,25 % depuis plus d’un an. Un communiqué est attendu vers 18H15 GMT.
Les économistes sont de plus en plus enclins à penser que le président de la Fed Ben Bernanke va faire un geste, en baissant ses taux de 25 à 50 points de base et même peut-être en ouvrant la porte à de nouveaux assouplissements de sa politique monétaire à l'avenir.
La Fed volerait ainsi au secours des marchés financiers qui ont du mal à surmonter la crise de l’immobilier et du crédit qui a largement tari les liquidités nécessaires à l’activité économique américaine.
Une baisse des taux « constituerait un effort pour contenir les risques pesant sur la croissance », estime notamment Robert DiClemente, économiste de Citigroup qui table sur une baisse de taux de 50 points de base. Pour lui, le niveau actuel des taux à 5,25 % est « plus que neutre » : il freine la croissance économique. Et si la Fed n’assouplit pas sa politique monétaire, « cela risque d’entamer de façon négative la confiance des investisseurs et de causer des dégâts plus grand sur la croissance ».
Plusieurs analystes jugent que si la Fed n’agit pas avec force, c’est-à-dire en abaissant de 50 points son taux directeur, davantage de perturbations sont à craindre sur les marchés financiers, provoquant de nouveaux défauts de paiement chez les emprunteurs et une glaciation accélérée du marché du crédit.
Mais à l’inverse, certains économistes estiment que la situation économique actuelle ne garantit pas une baisse des taux et qu’une telle décision ne ferait que fournir au marché encore plus d’argent facile, alimentant davantage la bulle spéculative actuelle.
Le jugement de Greenspan sur Bernanke
Autre opinion : celle de l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Alan Greenspan qui approuve la prudence de son successeur, Ben Bernanke, pressé par le marché d’abaisser nettement le loyer de l’argent aux Etats-Unis.
Toujours autant préoccupé par la montée des risques inflationnistes, Alan Greenspan dresse dans les médias la comparaison entre son temps et l’époque actuelle, estimant dans USA Today que « Ben va être confronté à des temps plus durs et devra prendre des décisions plus difficiles que je n’ai eu à le faire ». Il prévient que « les perspectives en matière d’inflation vont se détériorer » et pronostique même une remontée à terme des taux directeurs jusqu’à un nombre « à deux chiffres », ce qui ne s’est plus vu depuis les années 80.
Alan Greenspan a par ailleurs enfin reconnu qu’une bulle spéculative immobilière s’est créée, lui qui préférait jusqu’alors parler de « mousse », c’est-à-dire d’un assemblage de bulles, a-t-il indiqué au Financial Times. « Toutes les bulles de la mousse s’assemblent pour former une grosse bulle », a-t-il précisé. « Je suis arrivé à la conclusion que les bulles sont inévitables », a-t-il dit. « Les êtres humains ne peuvent pas les éviter ». En essayant de les juguler, les banques centrales ne peuvent que rendre la situation « pire, pas l’améliorer ». Leur seule possibilité est de passer derrière pour essayer de réparer les dégâts, a-t-il déclaré au FT, en forme de conseil à son successeur.
Il faut dire que l’ancien gourou de Wall Street, âgé de 81 ans, est omniprésent dans la presse américaine, depuis le début de la crise de « subprime » et à plus forte raison à l’occasion de la sortie de ses mémoires, « The age of turbulences » (« L’âge des turbulences »).