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Bonus: la future taxe fait grincer des dents les milieux financiers

Article du 12/12/2009
La taxe sur les bonus des traders que veut à son tour instaurer la France provoque des grincements de dents dans la profession, qui a l'impression de servir de bouc-émissaire et dénonce une mesure "électoraliste", à l'instar de certains spécialistes de la finance.

Souvent vilipendés pour leurs montants jugés excessifs, accusés de favoriser une prise de risque excessive chez les opérateurs de marché, les bonus sont régulièrement sur la sellette depuis le début de la crise.

Encadrés en novembre par un arrêté et des normes professionnelles déclinant les règles établies lors du G20 de Pittsburgh, ils vont de plus être exceptionnellement taxés en 2010, comme en Grande-Bretagne, a annoncé jeudi l'Elysée. Une "contribution exceptionnelle" justifiée aux yeux du gouvernement par les aides versées aux banques durant la crise.

Mais la mesure inquiète les banquiers qui craignent de voir la France perdre ses meilleurs talents financiers, si elle n'est pas généralisée à toutes les places financières. Et qui dénoncent des arrière-pensées politiques.

"Derrière tout ça, il y a de la démagogie et de l'électoralisme. On veut faire plaisir à l'opinion publique. C'est facile de s'en prendre aux banquiers. Si on veut faire de la fiscalité, pourquoi ne touche-t-on pas au bouclier fiscal ?", demande Jean-Marie Gianno, administrateur salarié de BNP Paribas.

"On a le sentiment de deux poids deux mesures. Pourquoi s'en prendre aux banquiers et pas à d'autres professions?", s'interroge un banquier parisien, sous couvert d'anonymat.

"A peine les dispositifs du G20 en place, les règles évoluent déjà", s'étonne un autre.

L'objectif est d'inciter les banques à renforcer leur fonds propres plutôt que de verser des bonus, explique le gouvernement, mais l'argument est discutable, selon le directeur général du Crédit Agricole Georges Pauget.

"La façon d'inciter les banques à conserver des fonds propres, ça ne consiste pas à prélever plus d'impôts. Cela consiste à garder de l'argent, donc la mesure n'a pas sa pleine cohérence", commente-t-il.

Les banquiers ont trouvé un allié inattendu en la personne du secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, qui voit dans la taxe "une part de communication".

"Cela fait déjà un certain temps (...) qu'on nous désignait les traders comme les responsables, les fautifs, alors que pour nous, l'analyse de la crise est quelque chose qui n'est pas totalement effectué", a-t-il déclaré sur France Inter. "Nous ne nous laisserons pas leurrer par la culpabilisation des traders, même si nous ne sommes pas les meilleurs avocats des très fortes rémunérations".

C'est une mesure "électoraliste", renchérit Thami Kabbaj, ancien trader, aujourd'hui enseignant à Paris-Dauphine.

Pour Gunther Capelle-Blancard, du CEPII, principal centre français d'étude en économie internationale, la taxe n'est à l'heure actuelle satisfaisante ni sur le plan de la régulation bancaire, ni sur celui de la justice sociale: c'est avant tout une "mesure punitive" pour des "gens qui ont gagné beaucoup d'argent alors qu'ils ne le méritaient pas tout à fait, car c'était grâce au soutien de l'Etat. C'est mieux que rien, mais décevant".

"Soit on veut une réforme spécifique aux banques, dans un objectif de régulation, et donc il faut que la taxe soit pérenne, et qu'elle serve par exemple à abonder un fonds de garantie. Soit on veut s'attaquer aux hauts revenus et il faut s'attaquer à la fiscalité dans son ensemble", juge-t-il.

Une approche qui rejoint celle du sénateur centriste Jean Arthuis qui, tout en soutenant l'initiative de l'Elysée, juge qu'il faut "réfléchir à sa pérennisation".


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