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JDH interviewe Daniel Cohen de Lara, Président de l'AFATE, à l'occasion de la sortie de son livre sur Ichimoku

Article du 18/09/2023
JDH : Je reçois donc aujourd’hui Daniel Cohen de Lara, le président de l’AFATE, qui vient de sortir le livre Le pouvoir d’Ichimoku. Il va nous en dire plus, mais je voudrais déjà vous présenter le livre et sa qualité gra-phique : il s’agit d’un grand format, et le livre est en couleur avec de très jolis graphiques, car pour ceux qui s’intéressent à la Bourse, Ichimoku est une méthode très visuelle. Mon cher Daniel, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette méthode qu’est Ichimoku, et au préalable très brièvement vous présenter ainsi que l’AFATE dont vous êtes président ?

DCL : L’AFATE est donc l’Association française des analystes techniques, c’est l’organisation qui est représentative de cet art qu’est l’analyse technique en France, et qui fait partie d’une or-ganisation mondiale qui s’appelle l’IFTA, présente dans une trentaine de pays, en fait tous les pays qui ont une industrie financière importante et qui regroupent à la fois des profes-sionnels de la finance, qui travaillent sur la base de l’analyse technique, et des investisseurs individuels, et cela fait une osmose dans laquelle les investisseurs individuels viennent cher-cher de la ressource, de la matière chez les professionnels. C’est une association qui a un peu plus de trente ans, qui fonctionne sur un mode extrêmement agréable : on se retrouve une fois par mois, et toutes nos manifestations se finissent par un pot amical.

Superbe. Vous avez dit quelque chose qui m’a interpellé pour l’analyse technique : vous avez parlé d’art. C’est un art, l’analyse technique ?

Oui, c’est un art.

Plus qu’une science ?

Ah ce n’est pas une science ; qui dit science dit quand même science relativement exacte.

Pas forcément, les sciences humaines ne sont pas exactes, les sciences économiques, les sciences sociales…

C’est un art dans la mesure où elle n’a pas la possibilité d’être exacte, c’est une science qui mêle la technique, et beaucoup la psychologie, puisqu’on travaille uniquement sur l’analyse des prix. Et l’objectif de l’analyse technique, c’est à partir des prix au niveau du passé, à par-tir des supports de marché, des résistances de marché, d’élaborer des scénarios pour l’avenir ; je dis bien élaborer des scénarios. Il y a des scénarios qui vont fonctionner, d’autres qui ne vont pas fonctionner, mais il y a quand même un élément à la fin : seul le marché a raison.

Et donc Ichimoku est une méthode parmi d’autres pour analyser les graphiques et essayer de prédire les mouvements du marché en bourse, c’est bien ça ?

Tout à fait. Il y a l’analyse technique, qui existe dans le monde occidental depuis 130 ans, qui existe au Japon depuis 250 ou 300 ans, et Ichimoku, qui est d’origine japonaise. La grande distinction entre les deux, c’est que vous avez la première qui utilise, qui travaille sur les extrêmes de marché ; un support, c’est un extrême vers le bas du marché ; une résistance est un extrême haut du marché ; un canal est entre la branche haute et la branche basse du canal, qui sont des extrêmes de marché. Ichimoku travaille sur des niveaux d’équilibre de marché, à savoir : lorsque le marché hésite, lorsque le marché cherche une voie, il vient se réfugier dans des zones qui ont certes été travaillées non pas en extrêmes mais en lieux, ou quand le marché a hésité, les investisseurs venaient se réfugier sur ces niveaux. Je vais vous donner un exemple qui est extrêmement récent, qui date de quelques jours, sur le CAC 40.


Je précise donc qu’au moment de cette interview, nous sommes le 12 septembre 2023.

Il y a donc quelques jours, j’avais, dans les émissions que je fais, indiqué qu’il y avait un ni-veau extrêmement important pour le CAC, qui n’avait jamais été touché en tant que tel, que l’analyse technique classique ne connaissait pas, qui était exactement à 7 189, qui était un niveau d’équilibre long terme décrit par Ichimoku, et à deux reprises, le marché est allé tou-cher exactement le niveau, et en la circonstance en baissant, les acheteurs étaient présents sur ce niveau. Le marché baissait, et sur ce niveau, 7 189, les acheteurs étaient présents, et ce n’était pas jusque-là un niveau d’analyse technique classique. On s’aperçoit également que la grande majorité des niveaux d’analyse technique ont en fait été créés par Ichimoku, parce que c’est la méthode qui fait le mieux le lien entre le fondamental du marché, l’analyse technique et le comportement de l’investisseur.

De quand date environ cette méthode ?

Cette méthode a été le travail d’une vie, d’un monsieur qui s’appelait M. Hosoda. Ichimoku veut dire « d’un coup d’œil ». C’est un homme qui y a consacré sa vie entre les années 30 et 1968, où il a publié l’ensemble de sa méthode. À l’époque, on n’avait pas les ordinateurs qui traitaient une quantité de données énorme ; on travaillait sur du papier millimétré, et donc il a fait travailler des générations d’étudiants en mathématiques et en finances pour mettre au point sa méthode, et en fait, sa méthode n’a eu aucun succès au moment de sa sortie, car elle demandait beaucoup trop de traitements d’informations, et ce n’est qu’au début des années 90 qu’un trader japonais, M. Sasaki, a écrit un livre sur la méthode de M. Hosoda, et là, les ordinateurs avaient tout à fait la capacité à traiter l’énorme quantité de données nécessaires, et c’est là où la méthode a commencé à se développer fortement dans les salles de marché japonaises, c’est la méthode de base des salles de marché japonaises. Ensuite, ce livre a été traduit en anglais, donc il a ouvert les États-Unis à la méthode, et en Europe, en France, à la fin des années 2000, tout début des années 2010.

Et elle est utilisée par beaucoup de gens aujourd’hui ?

Elle est utilisée par de plus en plus d’investisseurs, à la fois privés et de plus en plus professionnels.

Des gérants de fonds ?

Plutôt des analystes techniques, à la fois enseignants, traders, formateurs…


On est d’accord que personne ne peut s’approprier cette méthode, elle est universelle ? Parce qu’un jour, j’ai entendu quelqu’un dire : « Ichimoku, c’est moi. »


Oui, ça a pu être dit. Après, les sentiments de chacun par rapport au travail qu’il a pu faire… Ichimoku, c’est un mode de pensée, qui est de dire : « on travaille sur les équilibres de mar-ché et non pas sur les extrêmes ». À partir du moment où vous avez défini cette approche, chacun peut penser ce qu’il veut, à partir de son expérience, à partir des outils complémen-taires que l’on peut utiliser – c’est une analyse technique, après tout ; moi, j’utilise l’analyse technique en complément d’Ichimoku, et la méthode que je décris dans ce livre, c’est juste-ment : la base, c’est Ichimoku, mais on ne va pas renier, tourner le dos à 130 ou 140 ans d’analyse technique occidentale, et à 250 ans d’analyse technique. Ça existe, c’est vrai, et ça fonctionne. Donc l’originalité de mon approche, c’est justement d’abord Ichimoku, et je ne prends jamais de position en bourse qui soit contraire à ce que me dit Ichimoku, mais je viens dans un certain nombre de situations, un certain nombre de cas, me compléter l’analyse, et j’ai décrit une méthode qui a justement fait le lien entre « Ichimoku, la base » et l’analyse technique classique qui a sa réalité, sa vie et ses justifications.

Deux petites questions qui concerneront tout particulièrement les gens qui « boursicotent » et qui investissent sur des actions pour faire des plus-values sur un terme plus ou moins long : est-ce que cette méthode peut s’appliquer aux small caps, ou est-ce que ça ne concerne plutôt que les indices ou les très grandes valeurs ?

Non, ça concerne tous les actifs dans toutes les unités de temps.

Même quand ce n’est pas très liquide ?

Même quand ce n’est pas très liquide. Ce n’est pas Ichimoku qui va créer une information qui n’existe pas ; si elle n’existe pas, elle n’existe pas. Au lieu de travailler sur des extrêmes de marché, sur des actifs qui sont peu liquides, ces extrêmes peuvent être vraiment très ex-trêmes, et on peut avoir sur des produits peu liquides des volatilités à court terme qui peu-vent être importantes et qui peuvent brouiller, au contraire, la lecture qu’on peut avoir en analyse technique classique. Ichimoku, ce n’est pas son problème les extrêmes, les points aberrants de marché. Ichimoku va chercher les équilibres du marché.

Est-ce que cette méthode peut s’appliquer pour faire de l’investissement à long terme ? Par exemple : j’achète une action, mon but c’est de la garder 2 ou 3 ans, mais sur cette période, je ne veux pas faire 5 %, je veux doubler. Est-ce que c’est une méthode pertinente pour cela ?

La méthode est en tout cas beaucoup plus pertinente que l’analyse technique classique, dans la mesure où, de la même manière, et on revient toujours à ça, on regarde les équilibres de marché, et Ichimoku va aussi indiquer quels sont les supports et les résistances d’équilibre du futur. Donc un investisseur qui utilise Ichimoku va avoir une cartographie du possible du marché de l’actif en question, qui va être beaucoup plus clair que ce que l’analyse technique va pouvoir indiquer. En fait, l’analyse technique va peut-être donner de grandes directions, mais va avoir beaucoup de mal à donner des niveaux d’équilibre de marché. Concernant les marchés, il y a une forme de suivi, les grands niveaux pour un actif donné, les grands ni-veaux d’équilibre, s’ils ont été pertinents dans le passé, vont être pertinents dans le futur, parce que ce sont des équilibres que le marché va en permanence aller chercher. Quand on est en tendance, on est en tendance.

D’accord, nous avons bien compris ce travail sur l’équilibre, c’est très visuel.

C’est la base, et c’est effectivement une méthode très visuelle.

On le voit dans les illustrations de ce livre que vous avez écrit et dont vous avez vous-même réalisé les gra-phiques. C’est un livre assez exceptionnel en soi ; c’est d’ailleurs le livre le plus cher que j’ai édité à ce jour, 65,90 euros, parce que le contenu est quand même très particulier et qu’on pourrait presque dire que c’est un beau livre de Bourse.

En fait, ce format, je l’ai trouvé très original ; on est un peu entre le livre classique et le livre d’art.

Exactement, et ça rejoint ce qu’on disait au début de l’interview : Ichimoku, c’est un art.


C’est un art, absolument.

Je vous remercie, cher Daniel Cohen de Lara. Le pouvoir d’Ichimoku, chez JDH Éditions, dans la collec-tion Les Pros de l’Éco, par Daniel Cohen de Lara.


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