Printemps 2005 : les journaux multiplient les « Unes » sur l’invasion du textile chinois en France après l’ouverture des quotas ; conformément à un accord conclu à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les importations de produits d’habillement s’envolent de 47 % en quelques semaines.
Une « crise » qui interpelle les milieux économiques concernés, les associations de défense des consommateurs et les politiques si bien que des quotas d’importation provisoires sont réintroduits en juin 2005 pour protéger l’industrie européenne d’une déferlante de produits bon marché.
Bilan de la mesure d’urgence : les importations chinoises se sont stabilisées dans l’habillement même si elles ont continué à progresser de 15 % dans le textile (fils, tissus, textiles de maison).
Or, ces quotas provisoires doivent être levés à compter du 1er janvier prochain comme prévu, a confirmé hier la Commission européenne. L’Union européenne a finalement renoncé à exiger leur prolongation, demandée à l’origine notamment par la France.
En lieu et place, la Commission européenne et les autorités chinoises ont décidé d’instaurer « un système conjoint de surveillance » appelé à fonctionner pendant toute l’année 2008.
Ce système de veille doit « permettre une transition en douceur vers la libéralisation (totale) du commerce » prévue en 2009, a estimé le commissaire au Commerce, Peter Mandelson.
Pas de quoi rassurer pleinement la Fédération européenne du textile, de l’habillement et du cuir qui demande que les efforts soient mutuels et qu’à une ouverture en Europe corresponde une ouverture en Chine et qui invite l’Europe à faire preuve de plus de fermeté face aux pratiques de dumping venant notamment de Chine.
Dans les faits, la politique commerciale de l’UE face à la Chine reste ambivalente, hésitant entre fermeté et conciliation, du fait des intérêts en jeu avec la deuxième puissance économique asiatique et en raison de divergences entre les Etats membres sur la conduite à adopter.
On l’a bien vu récemment sur la question des taux de change. Les divisions sont légion au sein de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro. Malgré tout, les Européens sont parvenus en début de semaine à un discours commun appelant Pékin à laisser sa monnaie s’apprécier davantage. La Chine est accusée de maintenir le yuan à un niveau artificiellement bas pour se procurer un avantage compétitif à l’exportation. Une situation qui indirectement favorise l’appréciation de l’euro.