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EADS : La nouvelle mouture de Power 8 suscite la colère des syndicats d'Airbus

Article du 01/03/2007
Louis Gallois, président d’Airbus et co-président d’EADS, l’a confirmé hier. Le nouveau Plan Power 8, issu du compromis difficile à arracher entre les parties allemande et française du Conseil d’Administration de l’avionneur européen, entraînera bien la suppression de 10 000 emplois des deux cotés du Rhin en quatre ans.
Quelques 4 300 postes sont sur la sellette en France, dont 1 100 à Toulouse, le principal site de fabrication, qui travaille actuellement sur l’A380. 3 700 suppressions d’emploi sont prévues pour l’Allemagne.
Au total, la moitié des effectifs sera supprimé parmi les intérimaires et chez les sous-traitants d’Airbus. En France, certaines PME ne possèdent que l’avionneur comme client et elles devraient être touchées de plein fouet par ces mesures.
Le Royaume-Uni et l’Espagne sont également concernés, dans des proportions moindres. Ce qui a fait dire à Louis Gallois, ex-dirigeant de la SNCF et donc habitué au conflit social, que « ce n’est pas la France qui paie le plus lourd tribut ». « Tout ceci est fait de manière équilibré, s’il y a plus de suppressions d’emplois en France qu’en Allemagne, c’est parce que nous avons en France le siège social d’Airbus », a-t-il expliqué sur France-3.
Le Premier Ministre français Dominique de Villepin qui, depuis plus d’une semaine, s’exprimait sur son désaccord concernant des « licenciements secs », a réitéré sa proposition hier, en préambule de sa conférence de presse mensuelle. Airbus a précisé que la priorité était donnée aux départs volontaires négociés tout en avertissant que « si ces mesures ne (généraient) pas de réductions à la cadence prévue au cours des 12 à 18 mois prochains, d’autres mesures (seraient) prises en considération », en ajoutant que cette réduction de frais généraux devrait générer 900 millions d’euros.
Autre pomme de discorde, contrairement à ce qu’on attendait, ce sont six sites de production et non quatre qui sont visé par le plan d’assainissement Power 8. Seront cédés à des partenaires les sites de Méaulte, dans la Somme, de Nordenham, en Allemagne, et de Filton en Grande-Bretagne. Rien n’est encore fixé puisqu’Airbus évoque une « cession à des fournisseurs clés », un « rachat par les salariés » ou un « regroupement avec des sites voisins ». « Le concept d’entreprise étendue signifie que nous aurons des accords de long terme avec les nouveaux partenaires en matière de design et de production. Nous discuterons avec eux de la localisation de la production (...), nous échangerons des technologies », a précisé Louis Gallois.
Seront vendus ceux de Saint-Nazaire ville, de Varel et de Laupheim en Allemagne. A priori, les 3000 personnes qui travaillent sur ces sites ne sont pas comptabilisées dans les 10000 suppressions d’emploi prévues.
Louis Gallois a insisté sur la répartition industrielle entre les deux pays concernés : « l’A350 sera assemblé à Toulouse »; quant à l’A320, il sera « assemblé à Hambourg ». Une troisième chaîne d’assemblage final de la famille A320 devrait être mise en place immédiatement. L’A380 continuera d’être livré à la fois par Hambourg et Toulouse.

Des grèves en prévision

Les syndicats salariés d’Airbus doivent se réunir demain matin mais d’ores et déjà des rumeurs de grève sur l’ensemble des sites français de l’avionneur pour mardi filtrent dans la presse, une proposition lancée par FO (majoritaire). « Nous allons travailler à convaincre les actionnaires et notamment l’Etat : on ne peut pas prôner une politique de développement de l’emploi à tout prix et dans le même temps laisser partir de l’emploi industriel qualifié », s’est exprimé hier Jean-François Knepper, coprésident (FO, majoritaire) du comité d’entreprise européen d’Airbus. « Notre position est claire : c’est pas de fermeture, pas de cessions. »
Hier, suite à la conférence de presse de Louis Gallois à Toulouse, à Saint-Nazaire, Meaulte, Toulouse et Nantes, les débrayages se multipliaient.
Pourtant, le président d’Airbus semblait, dans ses propos, prêt à « comprendre les préoccupations des personnels » et à « dialoguer » avec les syndicats. Et a mis en garde : « Je suis sûr que tout le monde sait que des grèves qui dureraient pénaliseraient non pas la direction mais tout Airbus ».
Les syndicats allemands ne cachaient pas non plus leur déception hier. Les ouvriers des usines de Varel, Nordenham et Laupheim ont cessé le travail mercredi et ne devraient reprendre leurs postes que vendredi.
Le Premier ministre français a appelé au « dialogue social » « avec les partenaires sociaux sur ce sujet ». Mais déjà, le plan Power 8 fait couler de l’encre dans les journaux sur le rôle de l’Etat, par ailleurs actionnaire d’EADS. « Airbus est un groupe aéronautique de premier plan dont le carnet de commandes est rempli pour plus de six années, qui fait des bénéfices dans un domaine de haute technologie, qui est présenté par plusieurs chefs d’Etat comme une vitrine mondiale et qui annonce un plan drastique à l’échelle internationale », a souligné Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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