La mauvaise santé de l’avionneur européen n’est pas sans répercussion sur la maison mère EADS. Ce dernier avertissait ce matin qu’il allait subir une « perte substantielle » en 2007.
Le résultat opérationnel d’EADS affiche une baisse spectaculaire de 86 % à 399 millions d’euros. Le résultat net du groupe en 2006 baisse de 1,68 milliard d’euros à 99 millions de bénéfices
Même le chiffre d’affaires, qui a augmenté de 15 % en 2006 à 39,4 milliards d’euros, devrait connaître en 2007 « une légère baisse à un chiffre », prévient le groupe. Car cette baisse des résultats intervient paradoxalement au moment ou le groupe européen enregistre une activité record, avec un niveau de livraison historique d’Airbus (434 appareils). L’avionneur a vendu 790 appareils (824 en données brutes) et l’hélicoptériste a déclaré 615 nouvelles commandes. Les bonnes performances de l’activité espace du groupe permettent de compenser les pertes de l’avionneur. EADS Astrium enregistre un résultat opérationnel en hausse de 124 % à 130 millions d’euros. Celui du pôle Systèmes de défense et de sécurité est en hausse de 73 % à 348 millions d’euros. La division Avions de transport militaire a enregistré un bond de 188 % de ses ventes annuelles, à 2,2 milliards. Cette année, EADS prévoit un résultat opérationnel des activités hélicoptères, défense et espace de près d’un milliard d’euros (contre 471 millions en 2006).
Contrairement aux habitudes, EADS n’a pas fait état du montant du dividende qu’il entendait verser au titre de l’exercice 2006, se contentant d’annoncer que son prochain conseil d’administration « effectuerait une proposition » pour l’assemblée générale prévue en mai. Mais le versement d’un coupon n’est pas exclu.
Il faut dire que les pertes d’Airbus ont été conséquentes en 2006 : 572 millions d’euros, contre un bénéfice de 2,307 milliards en 2005, qui s’explique à la fois par « l’impact de l’A380, de l’A350 et de l’A400M, associé à la détérioration du dollar américain par rapport à l’euro ». L’impact financier de l’A380 est évalué à 2,5 milliards d’euros. Autre raison : les taux de changes. L’avionneur européen a le plus gros de ses coûts de production en euros alors qu’il vend en dollars, un souci que n’a pas son rival Boeing.
Priorité à Power 8
« La priorité pour 2007 sera de mettre en place Power 8. Je vais rencontrer les syndicats le 14. Il faut trouver les moyens de surmonter les difficultés actuelles dans le cadre de ce dialogue (...). On ne peut changer les objectifs de Power 8 », a déclaré Louis Gallois, président d'Airbus et co-président exécutif d’EADS lors d’une conférence de presse à Munich.
Outre les coûts liés à l'A380 et à l'A400M, le groupe devrait faire face à la hausse des frais de recherche et développement de l'A350 XWB, un programme évalué à 10 milliards d'euros. A moyen terme, le groupe devra réfléchir aux moyens de financer le remplaçant de l’A320.
Pourtant, pour l’heure, Louis Gallois affirme que le groupe n’a pas besoin d’augmentation de capital et assure que le premier A380 sera livré dans les temps, en octobre prochain. « Nous pouvons attendre (...); EADS cherchera des ressources externes sur le marché quand ce sera nécessaire », a-t-il déclaré.
Le Plan Power 8 :
Réduction des coûts de structure :
Airbus provisionne 680 millions d’euros sur le premier trimestre 2007 pour financer ces mesures.
- Suppressions d'emplois : 10 000 sur quatre ans dont 4 300 en France (dont 1 100 au siège central de Toulouse), 3 700 en Allemagne, 1 600 en Grande-Bretagne et 400 en Espagne.
5.000 suppressions concernent "des salariés intérimaires ou des sous-traitants en contrat sur site pour lesquels les réductions vont commencer immédiatement".
- Gel des embauches en 2007
- Gel des salaires des cadres dirigeants en 2007
Cessions de sites :
- en France : Saint-Nazaire
- en Allemagne : Laupheim et Varel
Partenariats industriels stratégiques. Sites concernés :
- en France : Méaulte
- au Royaume-Uni : Filton
- en Allemagne : Nordenham
Répartition des tâches :
- à Toulouse : assemblage et aménagement intérieur du futur A350 XWB
- à Hambourg : assemblage de l’A320 (actuellement assemblés à Toulouse) ainsi que de la nouvelle famille de monocouloirs qui devrait succéder à la gamme A320 vers 2015 ; assemblage de l’A318 ; de l’A319 ; de l’A321.
Autres mesures :
- Développement des modèles en 6 ans au lieu de 7,5.
- Réduction des coûts de stockage et d'approvisionnement.
- Optimisation de la trésorerie et amélioration de la qualité des services aux clients.
- Augmentation de la productivité de 16% d'ici 2010.
Objectifs :
- Dégager 5 milliards d'euros de trésorerie cumulée de 2007 à 2010.
- Générer 2,1 milliards d'euros annuels de résultat d'exploitation à partir de 2010.
