La Bourse de Paris a terminé sur un vigoureux rebond ce soir. L’indice CAC 40 s’envole de 6,04 % à 4 916,98 points malgré les pertes de la Société Générale. Le marché parisien a bénéficié de publications d’entreprises rassurantes et surtout d’une vague d’achats à bon compte sur la quasi-totalité de la cote, après les violentes oscillations enregistrées d’un jour sur l’autre depuis le début de la semaine.
Le CAC 40 ramène à 3,44 % sa baisse depuis le début de la semaine. C’est la plus forte hausse en une seule séance depuis le 14 mars 2003, où le CAC 40 avait gagné 7,25 %, profitant des succès militaires des Etats-Unis en Irak.
Les médias et les opérateurs ont été toute la journée accaparés par les annonces de la banque française Société Générale. A une dépréciation d’actifs d’un peu plus de 2 milliards d’euros, s’est ajoutée un perte colossale de 4,9 milliards d’euros due vraisemblablement – mais de nombreuses rumeurs circulent et remettent en question les explications du PDG Daniel Bouton – à la fraude d’un trader au sein même du groupe.
Au total, la Société Générale, une des trois premières banques françaises, a perdu 7 milliards d’euros. Selon les explications de la banque, la fraude a été découverte le 19 janvier : le trader, opérant dans une sous-division de ses activités de marché, employé par la banque depuis 2000 et âgé de 31 ans, aurait profité de « sa connaissance approfondie des procédures de contrôle » pour « dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives ». Il s’agirait de la fraude la plus colossale de l’histoire de la finance mondiale.
La Société Générale a déposé plainte contre l’homme pour « faux en écritures de banque, usage de faux et intrusions informatiques ».
Du côté des actionnaires, plusieurs plaintes ont également été déposées et le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour escroquerie. Les autorités politiques et monétaires sont également intervenues pour tenter de limiter l’impact de ces révélations. Tout en demandant des « contrôles additionnels » sur les banques, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a assuré qu’il n’y avait pas lieu d’avoir d’ « inquiétudes » pour la Société Générale. Même ton rassurant du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, selon lequel la Société Générale reste « solide ».
Malgré tout, cet après-midi des rumeurs remettant en cause les explications de cette fraude et évoquant un éventuel rachat de la Société Générale par une concurrente ont circulé.
En termes de résultats, la banque a toutefois annoncé un bénéfice net en 2007, estimé entre 600 et 800 millions d’euros. La chute reste cependant spectaculaire par rapport au résultat net de 5,221 milliards en 2006. Pour faire face, la Société Générale a indiqué qu’elle allait procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d’euros.
Après avoir ouvert en hausse, les marchés actions américains évoluent en ordre dispersé. Vers 17h30, le Dow Jones cédait 0,06 % à 12 262,92 points alors que le Nasdaq progressait de 0,97 % à 2 338,92 points.
On apprend également ce soir que le plan de sauvetage des rehausseurs de crédit, donné comme imminent par la presse, n’est pas bouclé, selon le responsable du secteur des assurances de l’état de New York, Eric Dinallo, qui dirige les négociations engagées pour renflouer ces sociétés.
Les rehausseurs ont pour fonction d’assurer les émissions obligataires des emprunteurs qui ne peuvent fournir toutes les garanties possibles aux marchés financiers. Pour exercer leur métier, ces sociétés ont absolument besoin d’une notation financière maximale, de type « AAA », chez les agences de notation. Mais la semaine dernière, Ambac a été dégradé de deux rangs par l’agence Fitch, passant de la note maximale « AAA » à « AA ». Moody’s a de son côté annoncé réfléchir à un possible abaissement des notes de MBIA et d’Ambac.
Pour conserver leur note maximale, les rehausseurs de crédit ont besoin de lever des fonds nouveaux mais les turbulences actuelles des marchés rendent l’opération très difficile. Ambac avait du ainsi renoncer la semaine dernière à une augmentation de capital d’un milliard de dollars au vu « des conditions de marché ».
Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage hebdomadaires sont ressorties largement inférieures aux attentes avec 301 000 nouvelles demandes d’allocation, contre un consensus de 325 000. Le nombre de demandes de la semaine précédente a été révisé à la hausse de 301 000 à 302 000.
Outre-Atlantique toujours, les ventes de logements dans l’ancien ont baissé de 2,2 % en décembre à 4,89 millions d’unités. Par ailleurs, le prix des maisons de second main aux Etats-Unis a baissé de 1,4 %.
En Allemagne, l’indice Ifo du climat des affaires remonte à 103,4 en janvier contre 103 en décembre.
Du côté des devises, l’euro regagne 0,63 % face au billet vert à 1,4724 dollar pour un euro.
Le pétrole perd 0,32 % à 87,27 dollars. Les cours pétroliers sont passés en territoire négatif après la publication de stocks hebdomadaires américains de brut et d’essence en hausse. Les réserves de brut ont enregistré une hausse de 2,3 millions de barils à 289,4 millions. Les stocks d’essence ont augmenté de 5 millions de barils à 220,3 millions. Les réserves de produits distillés baissent en revanche de 1,3 million de barils.