Fonction publique : Ultime séance de négociation sur les salaires des fonctionnaires
Article du 18/02/2008
Syndicats et ministres de la fonction publique se retrouvent lundi pour une séance de négociation « conclusive » sur la délicate question des salaires, alors que le désaccord persiste entre les deux camps sur la façon de mesurer le pouvoir d'achat des 5,2 millions de fonctionnaires.
Le ministre du Budget et de la Fonction publique Eric Woerth a présenté le 5 février des propositions sur les salaires, réparties en cinq volets, devant servir de base à un cycle de négociations. Il les a ajustées au cours du week-end dans un nouveau « relevé de conclusions ».
Parmi elles, une augmentation du point d'indice (base de calcul aux traitements) de 0,5% au 1er mars, soit une dépense de 354 millions d'euros sur le budget de l'Etat. Le fonctionnaire du bas de l'échelle (catégorie C) gagnerait, lui, environ sept euros de plus par mois. Une proposition que les syndicats ont jugée « inacceptable », même pour une entrée en négociation, au regard de l'inflation évaluée à 1,6% par le gouvernement en 2008.
Ils ont souhaité que le ministre « revoie sa copie » sur le point d'indice avant la séance de lundi, qui réunira des représentants des trois fonctions publiques (d'Etat, territoriale, hospitalière), et que le gouvernement présente comme « conclusive ».
Lors de sa rencontre la semaine dernière en bilatérale avec le secrétaire d'Etat à la Fonction publique André Santini, la CGT a eu le sentiment que le gouvernement était « prêt à bouger, y compris sur le point d'indice ». Mais la FSU, première fédération de l'enseignement, pense qu'il « n'a pas les moyens de répondre » aux demandes syndicales pour des raisons budgétaires. Le ministère « a essayé de voir si on pourrait être d'accord sur un volet, pas forcément sur tous, mais si ce sujet-là (l'augmentation du point d'indice) est mis de côté dès le départ, ça peut poser un sérieux problème », a prévenu Bernard Sagez (CFTC).
La hausse du point d'indice, mesure d'augmentation générale des salaires cruciale aux yeux des syndicats, ne représente qu'un élément du pouvoir d'achat pour le ministère, partisan d'une gestion plus individualisée des salaires.
Les propositions salariales d’Eric Woerth incluent ainsi des mesures liées à l'ancienneté, mais aussi des mesures catégorielles pour un montant de 403 millions d'euros, dont 225 au titre des gains générés par le non remplacement d'un agent sur trois partant à la retraite en 2008. S'y ajoutent la majoration des heures supplémentaires, la monétisation des comptes épargne temps, des mesures sociales (aides au logement, restauration) ou encore une nouvelle « garantie individuelle du pouvoir d'achat ».
Ce mécanisme avait été présenté par Eric Woerth en décembre, lors d'une première séance de négociation qui avait fortement déçu les syndicats. Dans la foulée, toutes les fédérations - sauf la CFE-CGC - déjà exaspérées par les 22.900 suppressions de poste prévues en 2008, avaient appelé à la grève pour les salaires et l'emploi le 24 janvier, mobilisant un agent de l'Etat sur quatre.
Au total, l'effort salarial du gouvernement en 2008 représente « une progression moyenne de +3,7% sur la feuille de paye des agents en poste », estime le ministère.
« 3,7%, c'est la masse salariale, pas la progression du pouvoir d'achat, ce n'est pas du tout la même chose », souligne Charles Bonissol (CFE-CGC), pour qui « la valeur du point est la mesure la plus équitable ». « Si on va aux négociations, on imagine bien que c'est parce qu'il y a quelque chose à négocier, sinon on en tirera évidemment les conséquences », prévient pour sa part Brigitte Jumel (CFDT).
De son côté, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique André Santini a affirmé que les caisses de l'Etat étaient « vides », lundi matin sur France 2.