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Le meeting de François Bayrou, vu de l’intérieur

Article du 20/04/2007
18h30 mercredi : à la station de métro Bercy, située devant le Palais Omnisport de Paris. L’affluence du transport en commun n’a rien d’inhabituel. Le nombre de personnes en T-shirt orange l’est plus en revanche. Tout comme les nombreuses personnes qui distribuent des tracts politiques de tous bords. Fin de campagne électorale oblige, tous les partis en lice dans la course présidentielle entendent profiter des dernières heures et pour quoi pas aller traquer les voix parmi les indécis qui viennent assister au dernier grand meeting de campagne de François Bayrou.
Et pour marquer le coup, le leader centriste, le « troisième homme » selon les sondages, celui qui a un temps talonné Ségolène Royal dans les intentions de vote et jouit d’une popularité grandissante, a réservé la plus grande salle de spectacles parisienne.

19h00 : les gens ne cessent d’affluer. Les gradins remplis, les retardataires devront s’installer dans la fosse, juste derrière la tribune officielle réservée aux personnalités. Ce soir on attend, deux ministres UMP démissionnaires, Azouz Begag et François Goulard, ainsi que Corinne Lepage et quelques artistes comme Vincent Lindon.
Les tribunes se parent peu à peu d’une couleur orange : celle des T-shirts de soutien vendus par les Jeunes UDF ou des banderoles de comités de soutien locaux. François Bayrou fera même allusion dans la soirée à « la révolution orange » ( comprendre en comparaison de la révolution ukrainienne), « une couleur qui va très bien à la France éternelle ».
On se croirait presque à un concert : la sono diffuse une musique moderne et entraînante, les gens font la ola comme dans des stades, reprennent en cœur le slogan « Bayrou président ».

19h45 : l’invité de la soirée se fait attendre malgré l’impatience palpable de la foule.

20h00 : coup de théâtre. A en croire le bruit de la foule, quelque chose se passe. Mais quoi ? Où ? C’est bien lui. Mais pas sur la scène. A l’autre bout de Bercy. François Bayrou entreprend, encadré de gardes de corps et surtout de cameramen de traverser la fosse de Bercy. Serrages de main, accolades, bousculade… François Bayrou est tout sourire. Il lui faudra bien 10 minutes pour traverser son public. Le petit verre d’eau, arrivé à son pupitre, était bien mérité. Le show a déjà commencé.

A Bercy, les partisans UDF connaissent les idées de François Bayrou par cœur. Il s’agit donc pour ce dernier grand meeting, à moins de 4 jours du premier tour, de « remonter le moral des troupes » et de réunir ses ouailles. Pour se faire, le chantre du rassemblement n’échappe pas à une bipolarisation un peu démagogique : la droite contre la gauche.
A la droite, le candidat UDF reproche son « sectarisme », sa « monarchie », son « esprit partisan ». Et raille la « collection d’élus épuisés » qui rejoignent Nicolas Sarkozy et qui constituent selon lui « un repoussoir », après le ralliement de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing à son rival UMP. « Nous sommes là pour remplacer. Et si vous en voulez la preuve absolue, regardez dans quel camp sont tous les dignitaires sans exception des décennies qui s’achèvent, tous affairés à défendre leur monopole et leurs privilèges », lance-t-il à la foule conquise.
A la gauche, François Bayrou reproche sa passivité aussi bien lorsqu’elle était au gouvernement que lorsqu’elle était dans l’opposition. Et il rappelle les prises de positions « courageuses » de l’UDF sur des dossiers sensibles tels que la privatisation des autoroutes, s’opposant ainsi au mutisme de l’aile gauche de l’Assemblée Nationale.
Pourtant à gauche, il y a quelques bonnes âmes, note François Bayrou, qui cite et félicite Michel Rocard, sous les applaudissements du public de Bercy.
A Lionel Jospin qui, « du haut de son expérience et de ses succès » place François Bayrou à droite, il répond : « c’est presque comme s’il disait que je suis un trotskiste déviationniste ».
A Nicolas Sarkozy qui le place à gauche, François Bayrou répond : « on sent qu’en prononçant cette phrase, il y a chez lui comme une vraie insulte, c’est presque comme si j’avais dit que j’étais un immigré ou que j’égorge les moutons dans ma baignoire ou que je suis un pervers génétique ». Applaudissements nourris.
Et de conclure : « il y a de la droite en moi parce que je veux de la rigueur, de la sévérité. Il y a de la gauche en moi car je veux de l’égalité. Il y a du centre en moi : équité, justice, fraternité ».

Que veut François Bayrou en fin de compte ? « Offrir une bonne douche froide » à ses adversaires. « Nous ne sommes pas là pour faire un score, pour obtenir un succès, nous sommes là pour une seule chose, nous sommes là pour gagner », déclare le candidat UDF dans l’enthousiasme général.
Ce qu’il espère et anticipe : que « le 22 avril, les Français renversent l’une des deux citadelles, celle qu’ils veulent, ils prennent l’une des deux Bastilles, celles qu’ils voudront, et ils nous mettent en finale de l'élection présidentielle ».
Touat au long de cette première partie mobilisatrice de son discours, François Bayrou n’aura donc de cesse de mêler combativité et lyrisme. Car l’ancien professeur ne peut omettre les références littéraires. Et de citer, pour parler du rassemblement qui lui est cher, le poème d’Aragon, La Rose et Le Réséda, qui rend hommage à quatre résistants fusillés dont Honoré D’Estienne d’Orves, Charles Péguy et Guy Môcquet, référence utilisée par Nicolas Sarkozy.
Et de lire la lettre d’Albert Camus à son instituteur pour appuyer ses propositions sur la réforme de l’éducation, corollaire indispensable à la croissance. Une croissance qu’il veut d’ailleurs « faire rimer » avec France.

Francebourse.com – de notre envoyée, Alexandra Voinchet

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