Dimanche soir, après les résultats du premier tour qui ont relégué le champion de l’UDF à la troisième marche du podium, loin de la qualification, mais avec un score honorable de plus de 18 % des voix, François Bayrou n’avait pas fait état de consigne de vote.
Il sait très bien que son électorat hétéroclite réuni pour l’occasion autour de l’idée de rassemblement est propre à se désagréger et que les électeurs qu’il a pris à droite comme à gauche risquent de retourner vers leurs familles politiques traditionnelles. La plupart des 6,8 millions de personnes qui ont voté pour l’UDF devraient se répartir entre les deux candidats finalistes. Le CSA estime que 45 % se reporteront sur Ségolène Royal, 39 % sur Nicolas Sarkozy et que 16 % s’abstiendront. Pour l’Ifop, 42 % choisiront le candidat UMP, 36 % la candidate socialiste et 22 % s’abstiendront.
Aujourd’hui, François Bayrou se retrouve en position d’arbitre pour le second tour de la présidentielle. Sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez, a confirmé hier que le leader centriste s’exprimerait « mercredi ». « D’ici là, nous aurons un certain nombre de rencontres. On va réunir demain les parlementaires UDF », a-t-elle précisé. Cette réunion à huis-clos doit débuter en milieu d’après-midi.
A ce stade, une consigne de vote de la part de François Bayrou parait peu probable car il refuse de retomber dans un système binaire. Dimanche soir, il s’était félicité qu’il y ait « enfin » un centre « large, fort et indépendant » et avait assuré qu’il ne « reviendrait pas en arrière ». Alors que le PS et l’UMP multiplient les appels du pied en sa direction, Marielle de Sarnez a réaffirmé que « nous ne sommes pas à vendre ».
Pourtant, « François Bayrou est pris entre le marteau et l’enclume », a commenté Philippe Braud, professeur à Sciences-Po. Pour avoir beaucoup de députés, il lui faut « des accords de désistement électoral réciproques, explicites ou tacites ». Mais il lui est « impossible de se déjuger en appelant à voter Sarkozy ». Ce politologue s’attend donc à « une déclaration aux termes soigneusement millimétrés, qui favorisera objectivement la candidate du PS ». A son avis, « l’ampleur de l’inclination à gauche dépendra des résistances rencontrées chez les élus UDF, dont certains sont inquiets pour leur réélection ». Depuis dimanche soir, cinq nouveaux parlementaires centristes se sont déjà joints aux soutiens de Nicolas Sarkozy.