Malgré son cuisant échec à la présidentielle, qui a valu au Parti Communiste son plus bas score de l'histoire, Marie-George Buffet a été reconduite mardi, à une très forte majorité (un seul vote contre), à la tête du PCF, qui a décidé de la tenue d'un Congrès extraordinaire à la fin de l'année pour examiner les raisons de l'échec.
Le Conseil national (parlement) du parti s'est réuni mardi toute la journée au siège de la place du Colonel Fabien, deux jours après le premier tour de la présidentielle qui s'est soldé pour la candidate communiste par un score calamiteux de 1,93%, historiquement bas pour le PCF.
"Le Conseil national a décidé à une très forte majorité que Marie-George Buffet retrouve sa fonction de secrétaire nationale", abandonnée provisoirement en janvier pour mener campagne, a affirmé à la presse le porte-parole du parti, Olivier Dartigolles.
"J'ai demandé à mes camarades s'ils veulent que je continue mes responsabilités", a précisé, avec une certaine émotion dans la voix, Mme Buffet.
En dépit des dissensions stratégiques, sa reconduction a été approuvée par les quelque 150 participants, à l'exception d'un vote contre et deux abstentions.
"Nous sommes aujourd'hui déçus, si je pensais que tout était très bien je n'aurai pas proposé un congrès extraordinaire", a ajouté la leader communiste.
Ce Congrès devra être, selon elle "un grand moment de réflexion pour tirer les enseignements de la campagne". Il s'agit d'examiner "l état de la société", le "positionnement du PCF", les "valeurs" qu'il défend et "ses visées", et aborder ensuite la question de la stratégie.
Mme Buffet refuse de battre sa coulpe et maintient son option de rassemblement antilibéral, qui a pourtant échoué pour la présidentielle: "Il faut continuer le choix du rassemblement".
En attendant cette réflexion approfondie, "l'urgence", dit-elle, "c'est de battre Nicolas Sarkozy au second tour" le 6 mai. A cette fin, "le PCF entre en campagne", a affirmé M. Dartigolles avec affiches, tracts et un meeting la semaine prochaine en Ile de France.
Dans ce contexte, Mme Buffet rencontrera jeudi matin rue de Solferino les dirigeants du PS. Il devrait notamment être question des législatives de juin, alors que les positions électorales du parti sont menacées. "Nous avons besoin d'un groupe" communiste à l'Assemblée nationale, a affirmé la leader du PCF. Le PCF dispose actuellement tout juste des 20 députés nécessaires à la constitution d'un groupe.
Mme Buffet refuse de dramatiser la situation du parti dont "la survie ne se joue pas sur une élection". Elle élude aussi les soucis financiers: "le parti a fait beaucoup d'économies pendant 5 ans pour faire cette campagne".
Dans les couloirs du Colonel Fabien les ténors des tendances d'opposition refusent de s'en prendre à Mme Buffet, même s'ils critiquent âprement la stratégie de la direction.
Pour le député-maire de Vénissieux, André Gerin, chef de file des "orthodoxes" et farouche opposant à la stratégie d'alliance antilibérale, la direction a refusé "de tirer le bilan de sa stratégie". "Le parti est à reconstruire", et "c'est une longue marche".
"Nous ne sommes pas satisfaits", a affirmé de son côté Pierre Zarka, l'un des chefs de file des "refondateurs", partisans du rassemblement antilibéral. Il reproche à la direction de vouloir aller aux législatives "de la même manière, en espérant un miracle". Un nouveau conseil national doit revenir sur le sujet le 9 mai.