On attendait sa décision. Il n’a finalement pas tranché. Fort du succès de sa dynamique du rassemblement et désireux de ne pas se trahir lui-même, François Bayrou a annoncé hier qu’il ne donnerait aucune consigne de vote pour le deuxième tour.
Interrogé hier sur le bulletin qu’il glisserait dans l’urne le 6 mai, François Bayrou a répondu : « à l’heure qu’il est, je ne sais pas ce que je ferai ». « Mais je commence à savoir ce que je ne ferai pas », a-t-il ajouté, laissant clairement entendre qu’il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy, mais ne s’était pas encore décidé entre un vote Royal, blanc ou l’abstention.
François Bayrou a donc pour l’heure adopté la stratégie du « ni oui ni non » comme l’anticipaient ses détracteurs. Il n’a pas pour autant faibli dans ses critiques vis-à-vis de ses deux anciens rivaux. Hier, lors d’une conférence de presse, le leader centriste a affirmé que le candidat UMP allait « aggraver les problèmes de la démocratie et la fracture du tissu social », tandis que Ségolène Royal allait « aggraver durablement les problèmes de l’économie », l’un comme l’autre allant « déséquilibrer le déficit et la dette ».
Toutefois, son discours a marqué une certaine préférence pour Ségolène Royal, laquelle n’exclut pas de se rapprocher de l’UDF en cas de victoire. En « homme d’ouverture », il a accepté « sans arrière-pensée », le « dialogue » que lui avait proposé la candidate PS, et s’est dit prêt à un tel débat avec le candidat UMP, si celui-ci le lui proposait.
La candidate socialiste a presque aussitôt répondu en invitant François Bayrou à un forum de la presse régionale vendredi à 11h00. Or, le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR), organisateur de ce forum, est opposé à ce que cette réunion se transforme en débat avec François Bayrou, a-t-il indiqué ce matin à l’AFP. De son côté, François Bayrou est d’accord pour un débat avec la candidate socialiste Ségolène Royal à condition qu’il soit télévisé.
François Hollande affirme qu’il n’y a « pas de négociations » avec François Bayrou
Ségolène Royal tente donc par tous les moyens de récupérer des voix dans l’électorat de François Bayrou. En annonçant que son gouvernement serait prêt à accueillir des ministres centristes si l’UDF acceptait le « pacte présidentiel », elle essaie de gagner des points.
Pour autant, le premier secrétaire du parti a affirmé ce matin qu’il n’y avait « pas de négociations » entre Ségolène Royal et François Bayrou, mais un « dialogue ».
Un nouveau parti au centre
Hier, François Bayrou a également profité de la rencontre avec la presse pour lancer son nouveau « parti démocrate » pour faire vivre la « force nouvelle » apparue au centre au premier tour. Ce parti présentera « des candidats dans toutes les circonscriptions de France » aux législatives de juin.