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News Corp. lorgne sur le Dow Jones

Article du 03/05/2007
La réputation de Rupert Murdoch n’est plus à faire. Ce magnat des médias, d’origine australienne, possède dans le giron de sa holding News Corp. le studio cinématographique 20th Century Fox, la maison d'édition HarperCollins, des chaînes de télévision et des stations de radios, le site MySpace, et des dizaines de titres de presse écrite … Parmi lesquels le New York Post, le Times, le Sun, News of the World en Grande-Bretagne … En tout, ce n'est pas moins de 175 journaux que News Corp. contrôle à travers le monde.
Pour autant son appétit est toujours aussi grand. Ainsi, le businessman, qui pèse près de 70 milliards de dollars à la Bourse de New York, vient-il de lancer une OPA « non sollicitée » sur le groupe Dow Jones, agence éditoriale et financière, selon une information révélée hier par la CNBC.
Si cette opération réussissait, le clan Murdoch prendrait possession non seulement du très influent Wall Street Journal, l’hebdomadaire Barron’s, le site web MarketWatch, le fil d’agence de presse Dow Jones, la base de données Factiva mais surtout de certains indices bousiers tels que le fameux Dow Jones Industrial Average,
L’opération est à l’image de son initiateur et de la proie visée. Rupert Murdoch a proposé une offre s’élevant à près de cinq milliards de dollars. Soit une offre d’achat de 60 dollars par action, ce qui équivaut à une prime de 65 % sur le cours de clôture de lundi.
L’offre représente pour le groupe Dow Jones une valeur d’entreprise de 15 fois le bénéfice avant impôt, charges financières, dépréciation et amortissement (Ebitda) estimé pour 2007, une valorisation bien supérieure à la moyenne des éditeurs de presse écrite, qui avoisine huit à 10 fois l’Ebitda.
L’offre est alléchante. Hier, l’action Dow Jones a flambé de près de 60 % à plus de 57 dollars.
Mais rien n’est encore fait. La famille Bancroft, qui détient 24 % du capital mais plus de 62% des droits de vote du Dow Jones, selon le Wall Street Journal (WSJ), est divisée. D’autant que le cours plafonne depuis 2005 autour de 35-40 dollars, moitié moins qu’en 2000.
Toutefois, tout rachat ne pourrait se faire qu’avec l’accord de la famille Bancroft qui contrôle le groupe à l’aide d'actions spécifiques. Et hier soir, le WSJ mentionnait que certains membres de la famille Bancroft et ses alliés, qui détiennent ensemble plus de 50 % des actions du groupe Dow Jones, voteraient contre l’offre. Et le quotidien financier américain de préciser : « Il n’est pas clair si la famille est opposée à une offre de News Corp. ou si elle essaie seulement de pousser Rupert Murdoch et d’autres compétiteurs à relever son offre ».
« Il n’y a aucune assurance que cette évaluation conduira à une quelconque transaction », a précisé le groupe Dow Jones dans un communiqué.
Les syndicats se sont également déclarés contre cette offre. La rédaction du WSJ s’inquiète. Dans un article publié sur son site web hier, le journal écrivait que « la simple possibilité que Rupert Murdoch prenne le contrôle du Wall Street Journal déclenchera presque certainement un feu roulant de controverses. » « Les critiques verront dans son acquisition potentielle de l’un des plus influents journaux américains une extension inacceptable de son poids médiatique déjà formidable », poursuivait le journal.
Enfin, des surenchères sont encore possibles.

Les désirs hégémoniques de Rupert Murdoch

L’offre de Rupert Murdoch tombe à pic dans sa nouvelle stratégie de conquête du marché de l’information, cette fois-ci financière. Il envisage en effet de lancer cet automne Fox Business, une chaîne cablée d’information financière qui viendrait directement concurrencer le fameux Bloomberg. Un tel rachat « aidera » la future chaîne financière, a plaidé Rupert Murdoch sur sa propre chaîne, Fox News. « Il y a déjà un accord (entre Dow Jones) et CNBC », a-t-il ajouté. Ce contrat avec CNBC, propriété de General Electric, court jusqu’en 2012 mais il pourrait éventuellement être rompu.
Acquérir le Wall Street Journal lui assurerait également une stature supplémentaire. Bible des milieux d’affaires américains, diffusé en Europe et en Asie, le WSJ, créé en 1889 par les fondateurs de Dow Jones, est distribué à 2,1 millions d’exemplaires et compte 788 000 abonnés à son site payant.
Le WSJ « a besoin de faire partie d’un plus grand groupe pour avancer », a-t-il souligné. « Il aurait plus de moyens, une couverture plus étendue. La distribution augmenterait. Le plus important est la hausse du nombre de personnes qui paient pour le site du journal. Nous espérons qu'il trouverait des millions de clients dans le monde », a-t-il dit.
Les critiques concernant la concentration des médias ne devraient pas tarder à se faire jour.

Francebourse.com - Alexandra Voinchet
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