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Banques américaines : les investisseurs commencent à rechigner à remettre au pot

Article du 16/07/2008
Les banques américaines, qui vont annoncer des pertes importantes au titre du deuxième trimestre, pourraient être amenées à faire encore appel au marché pour se renflouer, mais les investisseurs pourraient, cette fois, rechigner à remettre au pot.

Le tonneau des Danaïdes de la finance américaine a déjà englouti plus de 130 milliards de dollars de capitaux nouveaux depuis le début de la crise du "subprime", sans donner des signes de stabilisation. Bien au contraire.

En annonçant, le 9 juillet, prévoir une lourde perte comprise entre 2,6 et 2,8 milliards de dollars, la quatrième banque américaine par les actifs, Wachovia, a donné le ton d'une saison des résultats qui s'annonce calamiteuse.

Les analystes anticipent, pour nombre de grandes banques, de nouvelles dépréciations d'actifs et des provisions massives pour créances douteuses.

Outre Wachovia, Merrill Lynch, Citigroup et Washington Mutual sont attendus dans le rouge, de même que beaucoup de banques régionales. Une éventualité qui pourrait contraindre plusieurs d'entre elles à faire appel au marché.

"Nous pensons qu'une nouvelle réduction du dividende ainsi qu'une levée de capitaux sont probables", ont ainsi annoncé les analystes de Baird dans une note au sujet de Wachovia, qui a pourtant déjà levé 11,5 milliards de dollars.

Mais après un an d'appels au marché à répétition, les conditions d'une recapitalisation ne sont plus les mêmes.

L'agence d'évaluation financière Fitch Ratings s'est récemment dite "inquiète d'une possible saturation de l'appétit des investisseurs pour une exposition aux institutions financières", dans une étude sur la banque d'affaires Lehman Brothers. Dès lors, "de nouvelles augmentations de capital pourraient rencontrer des résistances significatives de la part du marché".

Pour récompense de leur apport, les investisseurs ont vu, dans la presque totalité des cas, le cours des banques plonger pour atteindre, parfois, leurs plus bas niveaux historiques. Les investisseurs qui ont apporté le mois dernier 7 milliards de dollars à la banque Washington Mutual ont ainsi vu la capitalisation boursière de cette dernière tomber à 3,8 milliards.

Ces parcours boursiers calamiteux pourraient constituer un facteur dissuasif pour les candidats éventuels à de nouvelles levées de fonds.

"Plus le cours des actions baisse, plus il est difficile de lever des fonds", a estimé récemment Mohammed El-Erian, le co-directeur de Pacific Investment Management (Pimco), plus grand investisseur obligataire au monde, sur la chaîne CNBC.

M. El-Erian faisait également référence au fait qu'une augmentation de capital avec un cours faible est très dilutive, diminuant ainsi de manière importante la valeur des titres détenus par les actionnaires existants. Elle est ainsi susceptible de rencontrer des résistances.

L'impossibilité pour un ou plusieurs établissements de se renflouer pourrait alors avoir des conséquences dramatiques.

"La plupart du temps, les faillites ne sont pas liées à la qualité des crédits, mais au fait que les banques n'ont pas réussi à se recapitaliser", indique Brad Vander Ploeg, analyste chez Raymond James.

Si le système tout entier n'est pas menacé, M. Vander Ploeg estime qu'"il y aura des faillites d'établissements renommés", incapables d'attirer des fonds pour consolider leurs bilans.

Au total, "il pourrait y avoir jusqu'à 200 faillites" parmi les banques américaines, selon l'analyste, qui rappelle le nombre important des banques aux Etats-Unis, d'environ 7.500, ce qui tendrait à relativiser quelque peu l'importance de ces défaillances.


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