Présidentielle : Le « Mouvement démocrate » est né
Article du 11/05/2007
Le « troisième homme » de cette campagne présidentielle, relégué en demi-finale, a donné hier le coup d’envoi à un nouveau parti, le Mouvement démocrate.
Le parti, également appelé Modem, réunira « autour du 20 mai » ses candidats aux législatives et ses adhérents, qui ont dépassé vendredi le seuil des 40.000, dont plus de 90% ne sont pas issus de l'UDF.
François Bayrou entend surfer sur le dynamisme de son électorat qui lui a tout de même valu un score de plus de 18 % le 22 avril dernier. « Nous allons faire élire ou proposer aux Français des visages nouveaux, des expériences nouvelles, des personnalités nouvelles dont on a tellement besoin pour que la vie politique française change d’attitude, de visage, d’allure, de pratiques, de principes et de manière d’être. »
Le Modem se veut une « force politique nouvelle, indépendante », en mesure de « résister » aux « pressions » qui expliquent selon lui les ralliements de la plupart des députés centristes à Nicolas Sarkozy. La résolution lui donnant naissance a été approuvée à l’unanimité des présents (plus de 2 500, selon l’UDF), moins 4 votes contre et 4 abstentions, lors d’un vote à main levée. La résolution était ainsi formulée : « L’UDF appelle à la constitution d’une force politique nouvelle, indépendante, ouverte, le MD et présentera ses candidats aux élections législatives avec cette étiquette ».
Reste que le parti centriste ne sort pas indemne de cette bataille électorale pour la Présidence. 22 des 29 députés UDF sortants sont passés dans le camp de l’autre équipe. De nombreux députés UDF dépendent d’accords avec l’UMP pour leur réélection et le parti de la majorité a annoncé qu’il investirait des candidats contre les sortants UDF ne le rejoignant pas, et notamment contre François Bayrou.
Le nouveau parti de François Bayrou, dont la création sera formalisée lors d’un « congrès constitutif à l’automne », doit présenter des candidats sous cette étiquette dans toutes les circonscriptions. « Bien sûr, c’est difficile, a reconnu François Bayrou, bien sûr, c’est un risque, mais ne croyez-vous pas que les Français méritent ce risque, eux qui galèrent tous les jours, eux qui ont des problèmes dans leur vie quotidienne et dans leur travail, eux qui ont tant de mal à se faire entendre et à se faire entendre notamment des puissants, des puissants économiques, des puissants politiques et des puissants médiatiques. »
Selon un sondage BVA, il n’obtiendrait que 8 à 13 députés, contre 29 aujourd’hui pour l’UDF.
Le Modem, un parti connecté au monde d’aujourd’hui
Rassembler : tel était le leitmotiv de François Bayrou pendant cette campagne. « Rien n’est plus important que de bâtir en France un contre-pouvoir libre », a déclaré ce dernier hier à la Mutualité, à Paris. « Si nous ne changeons pas la manière qui est la nôtre de faire de la politique dans notre pays (..) nous n’avons aucune chance de répondre aux problèmes de la France »
« L’UDF ne disparaît pas, elle décide, au contraire, de construire un mouvement plus large qu’elle, elle décide de se dépasser », a tenu à préciser François Bayrou. L’UDF restera donc « une force constitutive » du Mouvement démocrate et accueillera notamment le parti écologiste de Corinne Lepage Cap 21, et Jean-Luc Bennahmias, ancien secrétaire national des Verts.
Pour l’heure, François Bayrou, invité sur RTL ce matin, a indiqué que depuis dimanche soir, son site internet avait reçu « 33 000 inscriptions spontanées » au Mouvement démocrate. « Le chiffre me surprend moi-même », a-t-il confié.
Jeudi, lors de son discours devant le conseil national de l’UDF, François Bayrou est revenu sur ses convictions, lesquelles animeront le nouveau Mouvement démocrate. « La politique française, la démocratie française et la France tout court ont besoin, j’en ai la conviction, d’un mouvement politique qui soit le mouvement politique de la liberté, la liberté de vote, la liberté de conscience, la liberté de jugement, la liberté d’engagement. (…).
Un mouvement politique qui sera capable, non pas seulement de défendre des idées ensemble, mais d’aller plus loin et d’élaborer ses idées, d’être un vrai laboratoire de pensée pour la société de l’avenir et c’est à être ce laboratoire de pensée, chacun avec votre expérience, adhérents d’aujourd'hui et adhérents de demain, que je vous invite. »
François Bayrou n’en démord pas contre Nicolas Sarkozy
Visé à plusieurs reprises dans son discours à la Mutualité, Nicolas Sarkozy a également été épinglé par le leader centriste pour sa « proximité extraordinaire, étalée, affichée, qu'il avait avec les puissances d'argent, et notamment les puissances d'argent qui tiennent les médias ».
Interrogé sur les vacances du président élu à Malte, François Bayrou a indiqué sur RTL « ne pas vouloir faire de polémique excessive ».
Selon François Bayrou, « le même pouvoir va avoir tous les leviers de commande de l’exécutif, sans aucune exception, toutes les majorités à l’Assemblée nationale et au Sénat, tous les corps de contrôle de la République et la connivence affichée des plus grandes puissances financières et médiatiques ». « Ce n’est pas l’idée que je me forme d’une démocratie bien équilibrée », a-t-il insisté, en réaffirmant que l’enjeu des élections législatives est de créer un contre-pouvoir.