On la croirait à peine sortie de la fac. Pourtant, c’est à ce mastodonte français que la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche va s’atteler.
A 39 ans, la benjamine du gouvernement, hérite de la lourde tâche de réformer l’université française. D’ors et déjà, Valérie Pécresse sait qu’elle risque d’y perdre en popularité : le projet d’autonomie pour les universités volontaires est dénoncé par de nombreux syndicats étudiants et enseignants qui y voient les prémices d’une concurrence entre les facultés et d’une privatisation. Mais « Etre une femme en politique, c’est pas si facile », comme titre son ouvrage sorti en 2007.
Sur le sujet des universités, la ministre veut aller vite. Le texte doit être voté en juillet lors d’une session extraordinaire du Parlement. Un créneau qui peut lui être favorable mais aussi reproché par les organisation syndicales, qui demandent déjà plus de débats. « Nous allons travailler vite c’est vrai, mais nous allons travailler ensemble et bien », se défend Valérie Pécresse.
Outre le projet de loi sur l’autonomie, la ministre de l'Education veut également engager « cinq premiers chantiers de la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Des chantiers qui répondent aux promesses électorales du candidat Sarkozy de « mettre l’enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux » via donc cette autonomie croissante, davantage de moyens, un « service public de l’orientation (qui) permettra aux élèves de choisir la voie qui leur correspond le mieux »…
Du coup, le ministère devrait plancher cet été sur les conditions de vie étudiantes, les carrières des personnels des universités, les conditions matérielles de l’exercice des missions d’enseignement supérieur et de recherche de l’université, le statut des jeunes chercheurs et enseignants-chercheurs et la lutte contre l’échec en premier cycle universitaire.
La protégée de Jacques Chirac
Autant de dossiers sensibles donc auxquels la nouvelle recrue ministérielle aura à faire. Car Valérie Pécresse fait ses premières armes à ce niveau de responsabilités, elle qui est entrée en politique à la faveur des élections législatives du 16 juin 2002. Elle devient député UMP de la deuxième circonscription des Yvelines et ne manque pas d’entrain à l’Assemblée : elle préside le groupe d’études sur les biotechnologies en génétique, est rapporteure de la mission d’information sur la famille et les droits des enfants, participe à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales et à la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances.
Mais cela fait longtemps que la jeune femme, diplômée d’HEC et énarque, flirte avec la sphère politique. Son grand-père maternel a été pendant des années le médecin de la fille aînée du couple Chirac. Valérie L’ancien maire d’Ussel, qui fut un temps le suppléant du chef de l’Etat en Corrèze, est en outre de la famille du mari de Valérie Pécresse, Jérôme.
Elle connaît donc bien Jacques Chirac dont elle a été la conseillère, initiant le Président à Internet.
En 2004, avec deux ans d’ancienneté dans la maison et cumulant les écharpes de députée et membre du Conseil régional d’Ile-de-France, pugnace et habile, Valérie Pécresse devient porte-parole de l’UMP.
Auparavant sa carrière avait été celle d’une énarque typique : auditrice au Conseil d’Etat (1992), conseillère juridique auprès du chef du Service juridique et technique de l'information (1993-98), commissaire du gouvernement près l’assemblée du contentieux du Conseil d’Etat et Secrétaire général du Conseil supérieur de l’agence France Presse (AFP) (1995-98). Elle rejoint l’Elysée en 1998 comme conseillère technique chargée des études, de la prospective et des nouvelles technologies.
Le 14 juillet prochain, Valérie Pécresse fêtera la Fête Nationale, ses 40 ans et sons ascension rapide sur le devant de la scène politique.
Celle qui a parfois été surnommée la « Ségolène de droite » se défend bien d’avoir bénéficié de l’ « effet parité » : « je n’ai jamais pris la place d’un homme. (...) J’ai un parcours initiatique d’homme : j’ai conquis ma circonscription, j’ai travaillé pour le parti, j’ai été porte-parole de Nicolas Sarkozy tout en soutenant Jacques Chirac », déclarait-elle au Monde en avril dernier.