Après presque trois mois de contestation, le CPE vient de livrer son dernier souffle mais le CNE reste la cible des derniers manifestants. Le Président de la République a décidé de remplacer le CPE par un dispositif d’insertion pour les jeunes en difficulté. Alors que l’Assemblée Nationale planche sur la nouvelle proposition de loi, les anti-CPE n’ont pas tout à fait baissé la fronde contre le gouvernement. Des actions restent à l’ordre du jour. Parallèlement, les déclarations des hommes politiques se sont succédées sur les radios ce matin.
Le premier ministre a eu " raison de s'attaquer au scandale du chômage des jeunes" a déclaré ce mardi Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale sur les ondes de RTL.
Un peu plus tôt, Jean –Louis Debré, sur France Inter a livré le fond de sa pensée à Pierre Weill. Selon lui, « il fallait appliquer la loi et déposer une nouvelle loi pour modifier le CPE ».
Ceci dit puisqu’une « nouvelle voie a été choisie » le garant des institutions de la république s’y plie sans sourciller en ajoutant qu’il ne faut pas compter sur lui pour critiquer la politique du gouvernement.
Jean-Louis Debré répond aux « Questions Directes »
En réponse aux « Questions Directes » de Pierre Weil, le Président de l’Assemblée Nationale qui est aussi maire d’Evreux a précisé :
« Le Président de la République a eu raison de promulguer la loi, pour deux raisons, d’abord parce qu’elle a été votée par le parlement et deuxièmement sur les 52 articles de la loi, 49 sont très important pour améliorer la situation de l’emploi des jeunes. »
De plus, le politicien s’est montré très agacé de l’attitude des journalistes et des commentateurs qui distribuent à Volo depuis ce matin bons et mauvais points.
Toutefois, Nicolas Sarkosy pour ne pas le citer, joue lui aussi le jeu pour remporter l’adhésion de la rue en colère.
Le n°2 du gouvernement a avancé dans une interview publiée par Le Figaro ce matin « il aurait mieux valu ne pas se lancer dans cette affaire du CPE qui n’était pas pertinent ».
Outre les polémiques liées à la course à la présidentielle, Jean-Louis Debré a éclairci certains points de débat. Ainsi le 49,3 n’a pas été utilisé pour l’article 8 lié précisément au CPE qui a d’abord été voté normalement mais a été utilisé a posteriori pour faire passer d’autres articles de cette même loi.
Pour conclure sur le chapitre des règlements de compte politique, Jean-Louis Debré a ajouté de manière cinglante que face aux « polémiques stériles » et à ceux qui se démarquent, il est préférable de traverser « l’épreuve ensemble ». Ici, le revirement du gouvernement est à l’image de sa « capacité à écouter, entendre et comprendre ».
Prévoir l’après le CPE
Concrètement, le débat sur la proposition de loi destinée à remplacer l'article 8 de la loi "Egalité des chances" instituant le contrat première embauche (CPE) débute ce soir à l'Assemblée nationale.
Respectivement signé par le président du groupe UMP Bernard Accoyer, le président de la commission des Affaires sociales Jean-Michel Dubernard et l'ancien rapporteur de la loi égalité des chances, Laurent Hénart, le texte, comprenant deux articles, a été déposé lundi après-midi.
A l’ordre du jour, est prévue une aide destinée à chaque employeur embauchant en CDI un jeune de 16 à 25 ans de faible qualification, ou résidant en zone urbaine sensible ou titulaire d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis).
Le montant de l'aide, qui sera défini par décret, pourrait s’élever autour de 400 euros par mois la première année, 200 euros la seconde. La mort annoncée du CPE n’emporte pas l’unanimité des manifestants.
Les manifestants de la dernière heure
Ainsi, l'UNEF et la FIDL ont maintenu leur appel pour une nouvelle journée de manifestations prévue dans toute la France.
Selon les sources du ministère de l'Education nationale, sur les 62 universités où les étudiants n'étaient pas en vacances, seules 32 fonctionnaient normalement hier. 25 restaient perturbées et 5 bloquées. Pour les lycées, seuls 1,8 % établissements restaient concernés par la crise liée au CPE.
A Toulouse, Aix-Marseille, Grenoble II et III le mouvement perdure jusqu’à demain avec la prochaine AG prévue mercredi. Les derniers manifestants comme ceux de Dunkerque opposés notamment au CNE (contrat nouvelle embauche) ont pris d’assaut les voies ferrées retardant ainsi 14 TER et 2 TGV selon la SNCF qui déplore que « des actes de malveillance (fils électriques dénudés trouvés à terre) aient été commis lors de cette action ».
Le MEDEF avance patte blanche
Du côté du Medef. Laurence Parisot avance patte blanche en distribuant la carte du dialogue et propose « aux syndicats de les rencontrer séparément pour faire le point et tirer les enseignements » de la crise du CPE et « voir si on peut élaborer ensemble un agenda de discussions. » (AFP)
La présidente du MEDEF souhaite par ailleurs rencontrer les présidents d'université « pour engager un rapprochement avec le monde de l'université ».
Elle a réitéré sa « proposition de discuter de toutes les flexibilités et de toutes les précarités » avant d’ajouter « examinons ce que tout cela veut dire » dès lors qu' « il y a de bonnes et de mauvaises précarités ».
D’avis de Laurence Parisot, les nouvelles mesures prévues pour remplacer le CPE « par un effort renforcé en faveur de l'insertion des jeunes sur le marché du travail ne suffisent pas pour faire face à l'ampleur du problème posé, à savoir le chômage des jeunes. » AFP
Aurélie Noailly
FranceBourse.com
Source : Le Figaro, Le Monde, La Tribune, France Inter, RTL, AFP