C’est la deuxième fois que Ségolène Royal tend une main intéressée à François Bayrou et qu’il ne répond pas. La deuxième fois aussi que le leader centriste malmené dans les urnes refuse de donner une consigne de vote pour un deuxième tour électoral.
Alors que la candidate socialiste à la présidentielle essaie de motiver ses troupes et de ramener les citoyens dans les isoloirs en faveur de la gauche, sa stratégie de reconquête passe par un appel au rassemblement. Et un rassemblement qui penche vers le centre a fortiori. Hier matin, au micro de RTL, la figure de proue du PS a ainsi annoncé, prenant une nouvelle fois les Eléphants par surprise, qu’elle allait prendre contact avec François Bayrou.
Chose dite, chose faite. « Je l’ai appelé, je lui ai laissé un message. J’attends qu’il me rappelle », a-t-elle précisé, un peu plus tard.
Mais son interlocuteur est sur répondeur. Il ne la rappellera pas et se la joue « aux abonnés absents ». François Bayrou refuse de se laisser « enfermer dans ce genre de captation » et souhaite « éviter toute ambiguïté ».
Car le MoDem a déjà bien du mal à digérer la mutinerie de ses anciens députés, ralliés à la majorité présidentielle et candidats aux législatives sous les couleurs du Nouveau Centre.
La scission de l’UDF a donné « une impression de faiblesse » préjudiciable au MoDem, Marielle de Sarnez, bras-droit de François Bayrou, en est bien consciente dans un entretien au journal La Croix. Il « ne doit pas être un Culbuto qui tombe un jour à gauche, un jour à droite. Il doit rester fermement au centre ».
Reste que, dans cette configuration, le Mouvement Démocrate peut difficilement espérer plus de quatre sièges, selon les projections, pour 535 candidats présentés. Le score du MoDem au premier tour des législatives, estimé entre 7 % et 7,4%, marque certes un progrès par rapport au premier tour de 2002 (4,85 %), mais on est loin des 18,57 % recueillis par François Bayrou le 22 avril.
Même le titre de François Bayrou était sur la sellette. Mais l’UMP qui courtise aussi le parti centriste a tendu la main à son leader et vient de demander à son candidat de la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques de se retirer du second tour des législatives pour « laisser la place libre » à François Bayrou.
L’intéressé s’est dit étonné ce matin sur RTL. « Etant donnée l’ambiance de la campagne, c’est une surprise », a-t-il commenté, précisant bien : « je n’ai demandé, ni recherché un accord, un désistement, un retrait de personne. » François Bayrou ne veut pas « revenir dans le giron de l’UMP », malgré les appels du pied de l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, depuis dimanche.
Preuve en est : le leader du MoDem n’entend pas donner de consignes de vote avant le second tour des élections législatives. « Nous sommes indépendants. Il n’y a pas besoin de négociation avec le Parti socialiste. Il n’y a pas besoin de négociation avec l’UMP », a-t-il ajouté.