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Liban : quatre semaines d’affrontements

Article du 14/06/2007

Alors que le Liban porte le deuil de son député antisyrien Walid Eido, assassiné hier lors d’un attentat à la voiture piégée, les combats s’installent dans la durée dans la région des camps de réfugiés palestiniens. Economiquement mis à mal par la guerre de l’été dernier, déstabilisé politiquement, socialement et humainement meurtri, le pays est en plein délitement.

L’ombre de la Syrie derrière la mort de Walid Eido

Un attentat à la voiture piégée a fait neuf morts hier dont le député Walid Eido et son fils. Tous deux doivent être enterrés dans la journée au cimetière des Martyrs. Il s’agissait de la sixième explosion depuis le 20 mai.
L’homme, député sunnite de Beyrouth était connu pour son hostilité au régime syrien. Il appartenait au parti Courant du futur, dirigé par Saad Hariri, dont le père a été assassiné en février 2005 dans des conditions relativement similaires. D’ailleurs, Saad Hariri a estimé que « ce sont les mêmes mains qui ont assassiné Rafic Hariri ». Une enquête de l’ONU a conclu à la responsabilité d’agents syriens dans cet assassinat.
La Syrie n’a pas encore réagi mais tous les regards se tournent vers Damas. Selon le Conseil de sécurité de l’ONU, des livraisons d’armes auraient pu avoir lieu la semaine dernière au Liban effectuées à travers la frontière syrienne en violation de l’embargo.

Un attentat condamné internationalement

La Maison Blanche a été la première à « déplorer » cet attentat. George W. Bush a pointé à mots couverts la responsabilité de la Syrie dans ce meurtre, expliquant que « les victimes ont toujours été ceux qui voulaient mettre fin à l’ingérence du président syrien Assad dans les affaires intérieures du Liban ».
Nicolas Sarkozy a « condamné avec la plus grande fermeté ce nouvel attentat ciblé, le premier depuis la mort du ministre Pierre Gemayel en novembre dernier », selon un communiqué de l’Elysée. Même condamnation de la part du ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, qui s’était rendu au Liban, il y a quelques semaines.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a qualifié l’attentat de « crime odieux destiné à déstabiliser le Liban ».

Un pays lourdement meurtri

Cet attentat est une nouvelle tentative de déstabilisation d’un Liban déjà affaibli. En février 2005, la mort criminelle de l’ancien premier ministre Rafic Hariri provoque des manifestations libanaises sans précédent contre l’occupation syrienne. Mi-mars, sous la pression de la rue et la pression internationale, et après 30 ans de contrôle, Damas déclare à l’ONU son intention de retirer l’ensemble de ses forces et personnels de renseignement du Liban. Un retrait effectif mais à reculons durant tout le printemps 2005 même si la multiplication des attentats contre des personnalités politiques durant le restant de l’année 2005 témoigne pour certains d’un reliquat de présence syrienne au Liban.
En 2006, suite à un accrochage entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière, la guerre met à sac les réussites de la reconstruction et du renouveau économique du Pays du Cèdre, fort de 4,5 millions d’habitants. Ces violences font plus de 1 200 morts parmi la population civils, dont 30 % d’enfants de moins de 12 ans, et près d’un million de déplacés. Le coût des destructions au Liban est estimé à au moins 15 milliards de dollars. Sans compter l’instabilité politique et économique qui est le quotidien du pays depuis l’assassinat de Rafic Hariri.
Les Etats-Unis ont déjà accordé 40 millions de dollars d’assistance militaire au Liban en 2006 et 5 millions en 2007. Une enveloppe grossie par d’autres contributeurs internationaux, parmi lesquels la France qui a toujours eu des liens étroits avec le Liban. D’ailleurs, en janvier dernier, Paris avait accueilli une réunion internationale pour tenter de sortir le Liban de la banqueroute - la dette libanaise atteint les 41 milliards de dollars.
Mais ces aides restent toutefois insuffisantes pour remettre le pays sur pied, assurer les nécessaires réformes socio-économiques et politiques, redresser l’économie, permettre les opérations de déminage et d’enlèvement des engins non explosés…
Et la reprise des violences au Liban n’est donc pas de bon augure.

25e jour de combats à Nahr-al-Bared

Dans le Nord du pays, les affrontements se poursuivent entre l’armée et les extrémistes du Fatah al-Islam. Deux soldats libanais ont été tués lors de nouveaux affrontements. Les combats autour du camp ont fait 140 morts, dont 62 soldats, depuis qu’ils ont éclaté, le 20 mai dernier. Ces combats sont les plus meurtriers au Liban depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Le mouvement militant sunnite du Fatah al-Islam a fait du camp de réfugiés de Nahr al Bared sa base opérationnelle l’année dernière. Un bastion idéal pour ces miliciens dans la mesure où les camps de réfugiés constituent une zone de non droit particulièrement difficile à appréhender sur le plan de législation. Aux termes d’accords libano-palestiniens conclus il y a 38 ans, les forces de l’ordre libanaises ne sont pas autorisées à entrer à l’intérieur des camps palestiniens. Les activistes palestiniens violent eux le droit de l’ONU en étant armés dans un camp de réfugiés. Pour autant, les violences qui secouent le pays depuis fin mai remettent en cause la violabilité de ces règles et de droit international dont elles découlent.
Une courte trêve avait permis à la population de ce camp de fuir mais 3 000 à 7 000 réfugiés palestiniens seraient tout de même restés à Nahr-al-Bared, selon les organisations humanitaires.
Les autorités libanaises réclament une reddition sans condition des islamistes qui ont juré de se battre jusqu’à la mort. Là encore, l’ombre de la Syrie plane. Le gouvernement libanais voit derrière la résistance du groupuscule extrémiste la main de la Syrie. Basé en Syrie, le Fatah al-Islam est un groupuscule extrémiste palestinien - qui emploie également d’autres nationalités arabes et des anciens combattants en Irak -, émanation du prosyrien Fatah-Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 1980 et opposé au Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. Le mouvement dit partager les analyses d’Al Qaïda, sans pour autant entretenir de liens opérationnels avec la nébuleuse dont Oussama ben Laden. Son leader, Chaker al-Absi, est recherché dans trois pays depuis sa libération en Syrie.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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