La majorité au pouvoir au Liban a reconduitle Premier ministre Fouad Siniora dans ses fonctions, a annoncé Future Television, la chaîne du Courant du futur, le principal bloc de la majorité.
A la suite de l’élection dimanche du président Michel Sleimane, le gouvernement de Fouad Siniora était devenu démissionnaire. Les deux seuls noms qui circulaient dans les milieux politiques étaient celui de Fouad Siniora, qui se disait las de la vie politique et désireux de se mettre à l’écart, et celui de Saad Hariri, chef de file de la majorité.
Economiste de formation, ami d’enfance et ancien bras droit de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, Fouad Siniora est sorti de l’ombre après l’assassinat de ce dernier, le 14 février 2005.
Il a été propulsé chef du gouvernement né de la victoire de la coalition anti-syrienne aux législatives du printemps 2005. En juillet 2005, Fouad Siniora prend la tête du premier gouvernement associant le Hezbollah, avant de devenir la bête noire du parti chiite qui l’accuse de ne pas l’avoir soutenu lors de l’offensive israélienne en 2006.
Les épreuves se sont enchaînées pour lui : attentats en chaîne contre des représentants du bloc anti-syrien, offensive israélienne sur le Liban à l’été 2006 (en pleine guerre, devant les ministres arabes des Affaires étrangères, le Premier ministre, les yeux embués, avait lancé un appel ému en faveur du Liban, un épisode critiqué par ses adversaires comme un signe de faiblesse), bras de fer avec l’opposition, menée par le Hezbollah chiite, violences intercommunautaires les plus sanglantes depuis la guerre civile (1975-90) avec 65 morts début mai. Pour éviter que le pays ne s’embrase, début mai, il a dû plier face au Hezbollah, lorsque le gouvernement a annulé deux mesures qui visaient le parti chiite et ont déclenché la flambée de violence.
Soutenu par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, « marionnette » aux mains des Américains pour ses détracteurs, il a été rendu responsable de la dette de 41 millions de dollars accumulée par le Liban alors qu’il était ministre des Finances (1992-1998 puis 2000-2004). Il a été accusé de corruption et gaspillage d’argent public en 1998 puis blanchi par le Parlement.
Le gouvernement Siniora aura en revanche réussi à imposer, contre l’avis de l’opposition, la création d’un tribunal international sur l’assassinat de Rafic Hariri, imputé à la Syrie par l’actuelle majorité alors que Damas a toujours protesté de son innocence. Bourreau de travail, de son propre aveu, il a également réalisé d’importantes réformes, dont l’instauration de la TVA et la modernisation du ministère des Finances.
Le président MIchel Sleimane doit entamer aujourd’hui ses consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale.