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Libye : Dernier acte pour les infirmières bulgares

Article du 17/07/2007
Leur sort devait être scellé hier soir. Mais les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien, condamnés à la peine capitale pour avoir inoculé le virus du sida à 438 enfants de Benghazi, doivent encore attendre. Le Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes a repoussé à mardi l'étude de l’affaire. Leur dernier espoir : celui de voir commuer leurs peines de mort en peines de prison. La Libye et la Bulgarie étant liées par un accord d'extradition, les accusés pourraient alors purger leur peine dans leur pays d'origine.
La Fondation Khadafi est parvenu à trouver un compromis financier pour régler l’affaire. Chaque famille de victimes va recevoir un montant d'un million de dollars, soit un total d'environ 400 millions de dollars. Selon le porte-parole des familles, Idriss Lagha, le nombre de victimes s'élèverait à près de 460, dont une vingtaine de mères ayant été contaminées par leurs enfants.
Le versement des dédommagements aux familles des victimes a débuté la nuit dernière. « Les familles ont reçu leurs chèques dans la nuit et ont commencé ce matin à retirer l'argent dans les banques », a indiqué le porte-parole des familles, Idriss Lagha.
Le Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes, qui dépend directement du ministre de la Justice et décide entre autres du sort des condamnés à mort en Libye, a le pouvoir de modifier ou même d'annuler le verdict de la Cour suprême tombé le 11 juillet dernier et qui a confirmé la peine capitale. La plus haute instance judiciaire du pays devait examiner, lundi soir, en « session ordinaire » plusieurs affaires, dont celles des infirmières, mais a finalement levé la séance sans avoir abordé cette question, qui devrait désormais être examinée mardi.

Dans l'attente

Initialement prévue lundi à 10H00 locales, la réunion du Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes avait dans un premier temps été reportée à 18H00 locales (16H00 GMT). Selon une source proche du dossier, l’étude du dossier aurait été reportée dans l'attente d'un document signé par les familles des enfants contaminés par le virus de sida, dans lequel elles devaient affirmer leur acceptation d'une indemnisation en contrepartie d'un renoncement à la peine capitale.
Mais les familles avaient refusé de signer le moindre document tant que l'argent ne leur était pas effectivement versé. La Fondation Kadhafi, qui conduit les négociations avec les familles, avait indiqué lundi matin être toujours à l'oeuvre pour accélérer la procédure. De son côté, la Commission européenne a assuré lundi ne pas être impliquée dans les discussions entre cette Fondation, présidée par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, et les familles des enfants contaminés.
Les accusés ont par ailleurs signé une « demande de pardon et de clémence » auprès du Conseil supérieur des instances judiciaires, en présence d'ambassadeurs de pays européens accrédités à Tripoli. L'avocat libyen des infirmières, Othman Al-Bizanti, a précisé que les six détenus ont également signé « un engagement pour garantir qu'ils n'engageraient pas de poursuites contre l'Etat libyen » pour leurs années de détention dans les geôles libyennes. Tous ces documents devraient être pris en considération par le Conseil supérieur des instances judiciaires, à l'occasion du dernier acte de cette affaire qui dure depuis maintenant huit ans.

Mauvaises conditions d’hygiène

Emprisonnés depuis février 1999, les infirmières Kristiana Valtcheva, Nassia Nenova, Valia Tcherveniachka, Valentina Siropoulo et Snejana Dimitrova ainsi que le médecin d'origine palestinienne, Achraf Joumaa Hajouj, clament leur innocence, affirmant que leurs aveux ont été arrachés sous la torture.
Les six soignants étaient à l’époque venus renforcer les équipes médicales de l’hôpital national de Beghazy, la deuxième ville du pays, témoignant des mauvaises conditions d’hygiène du lieu. Depuis 56 enfants sont décédés du virus du Sida.
Les cinq infirmières et le médecin ont déjà été condamnés à la peine capitale en 2004 et en décembre dernier. Et ce malgré les témoignages et les preuves médicales montrant que le VIH sévissait à l'hôpital de Benghazi avant même leur arrivée. Les six accusés ont notamment reçu le soutien de deux des chercheurs les plus éminents sur le virus, les spécialistes français Luc Montagnier et italien Vittorio Colizzi, pour qui la contamination résultait des mauvaises conditions d'hygiène de l'hôpital.

Des boucs émissaires

Sofia estime que ses ressortissantes servent de boucs émissaires aux autorités libyennes qui veulent masquer les conditions d'hygiène déplorables qui régnaient dans l'établissement lors des contaminations. La Libye avait déjà tenté de conclure un accord avec la Bulgarie en vertu duquel le gouvernement bulgare verserait 10 millions d’euros à chaque famille d’enfant contaminé. Mais pour Sofia, accepter un tel accord serait revenu à reconnaître la culpabilité des infirmières.
Depuis le début de la crise, la communauté internationale fait, en vain, pression sur la Libye pour qu'elle libère les six soignants. Cette affaire a empêché les tentatives de Tripoli de renouer des liens diplomatiques avec les Etats-Unis et l'Union européenne.

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
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