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Libye : La fin du cauchemar des infirmières bulgares

Article du 18/07/2007
La lumière au bout du tunnel. Les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien, condamnés pour avoir inoculé le virus du sida à 438 enfants de Benghazi, échappent à la peine de mort. Le Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes a commué mardi la sentence en peine de prison à vie.
Il a fallu payer le prix fort pour mettre fin au cauchemar des six accusés. Chaque famille de victime a reçu un dédommagement d’un million de dollars. Selon le porte-parole des familles, Idriss Lagha, le nombre de victimes s'élèverait à près de 460, dont une vingtaine de mères ayant été contaminées par leurs enfants. « Nous avons renoncé à la peine de mort, après que toutes nos conditions ont été remplies », a insisté Idriss Lagha. Les familles avaient refusé de signer le moindre document tant que l'argent ne leur était pas effectivement versé. Les sommes ont commencé à être retiré à la banque dès mardi matin.
Le compromis financier a été négocié par la Fondation Khadafi présidée par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam. Selon la fondation, l'argent provenait du Fonds spécial d'aide de Benghazi, créé en 2005 par Tripoli et Sofia, sous l'égide de l'UE. Les Etats-Unis y participent également, selon la Fondation.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les accusés avaient signé une « demande de pardon et de clémence » auprès du Conseil supérieur des instances judiciaires, ainsi qu’ « un engagement pour garantir qu'ils n'engageraient pas de poursuites contre l'Etat libyen » pour leurs années de détention dans les geôles libyennes, avait indiqué l'avocat libyen des infirmières, Othman Al-Bizanti.

Extradition

La décision de la plus haute instance judiciaire du pays, qui sonne comme un dénouement heureux dans une affaire ayant empoisonné les relations de la Libye avec la communauté internationale, a été immédiatement saluée par les Etats-Unis, l'Union européenne et la France.
Elle pourrait permettre l'extradition en Bulgarie des condamnés pour qu'ils y purgent leur peine en vertu d'un accord bilatéral datant de 1981 (bien 1981). Le Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes, qui dépend directement du ministre de la Justice, n'a cependant pas clarifié le sort immédiat des six condamnés.
Il s'agit d' « un grand pas dans la bonne direction », mais le dossier ne sera clos qu'avec le rapatriement des six praticiens, a commenté le chef de la diplomatie bulgare Ivaïlo Kalfine.
Le parquet général de Sofia a annoncé qu'une demande d'extradition serait lancée dès mercredi, précisant que « la présidence bulgare aurait le pouvoir de gracier » les condamnés une fois ceux-ci sur son sol.
Les Etats-Unis se sont dits « rassurés » et le président français Nicolas Sarkozy a salué « la décision sage et courageuse des familles des enfants contaminés de renoncer à la peine capitale pour les six personnels médicaux bulgares, dans le cadre de la tradition du pardon islamique ».
Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il comptait se rendre les « prochains jours » en Libye, dans un entretien téléphonique avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a rapporté l'agence officielle libyenne Jana.

Mauvaises conditions d’hygiène

Emprisonnés depuis février 1999, les infirmières Kristiana Valtcheva, Nassia Nenova, Valia Tcherveniachka, Valentina Siropoulo et Snejana Dimitrova ainsi que le médecin d'origine palestinienne, Achraf Joumaa Hajouj, ont toujours clamé leur innocence, affirmant que leurs aveux ont été arrachés sous la torture.
Les six soignants étaient à l’époque venus renforcer les équipes médicales de l’hôpital national de Beghazy, la deuxième ville du pays, témoignant des mauvaises conditions d’hygiène du lieu. Depuis 56 enfants sont décédés du virus du Sida.
Les cinq infirmières et le médecin avaient déjà été condamnés à la peine capitale en 2004, en décembre dernier, et le verdict avait été confirmé le 11 juillet dernier. Et ce malgré les témoignages et les preuves médicales montrant que le VIH sévissait à l'hôpital de Benghazi avant même leur arrivée. Les six accusés ont notamment reçu le soutien de deux des chercheurs les plus éminents sur le virus, les spécialistes français Luc Montagnier et italien Vittorio Colizzi, pour qui la contamination résultait des mauvaises conditions d'hygiène de l'hôpital.

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
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