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Infirmières bulgares : enfin la liberté !

Article du 24/07/2007
Enfin libres. Les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien sont arrivés ce matin à Sofia, à bord de l’avion affrété par la République française. Accompagnés de Cécilia Sarkozy, du secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant et de la commissaire européenne aux Affaires extérieures, Bénita Ferrero-Waldner, les six praticiens sont descendus de l'avion visiblement fatigués. Ils ont été accueillis sur le tarmac par leurs familles, ainsi que par le président bulgare Guéorgui Parvanov, le Premier ministre Serguei Stanichev, le ministre des Affaires étrangères Ivaïlo Kalfine, ainsi que par des diplomates.
Le cauchemar se termine enfin. Emprisonnés en Libye depuis 1999 pour avoir inoculé le virus du sida à 438 enfants de Benghazi, trois fois condamnés à la peine capitale, finalement commuée le 17 juillet dernier en peine de prison à vie, ils ont pu être extradé vers la Bulgarie, liée avec la Libye par un accord d'extradition datant de 1981. Ils ne devraient pas retourner en prison : Sofia a annoncé qu’elle les gracierait tous les six dès leur arrivée sur le sol bulgare.
La libération des soignants a d'abord été annoncée par un communiqué de l'Elysée, à 6h30 mardi matin (heure de Paris). « L'avion de la République française vient de décoller de Libye à destination de Sofia avec à son bord Mme Cécilia Sarkozy, Mme Bénita Ferrero-Waldner, M. Claude Guéant, les infirmières et le médecin palestinien », précisait le communiqué.
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, interrogé en direct sur LCI depuis l'aéroport de Sofia, a ensuite déclaré que le président de la République Nicolas Sarkozy se rendra en Libye dans les « deux jours ».
Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne chargée des relations extérieures, se trouvait depuis dimanche à Tripoli, avec le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant et l'épouse du président français, Cécilia Sarkozy.
La première dame de France a rencontré Aicha, la fille du colonel Mouammar Kadhafi, qui dirige une organisation caritative, mais ne s'est pas entretenue avec le chef de la révolution libyenne.
Cécilia Sarkozy et Claude Guéant s'étaient déjà rendus en Libye le 12 juillet pour rendre visite aux six condamnés.

Normalisation des relations entre la Libye et l’Union européenne

De son côté, la commissaire européenne a eu des entretiens avec des responsables libyens qui ont présenté des conditions pour la libération et le rapatriement des prisonniers.
Un responsable du gouvernement libyen a affirmé mardi que les conditions posées par la Libye « ont été satisfaites », selon un responsable gouvernemental libyen.
Tripoli a notamment exigé une « normalisation complète des relations de la Libye avec les pays de l'Union Européenne dans tous les domaines » ainsi que des garanties pour le traitement des enfants libyens atteints du sida.
Sur France 2, le porte-parole de l'Elysée David Martinon a précisé que Nicolas Sarkozy « n'a pas dormi de la nuit », étant resté au téléphone avec les négociateurs sur place et avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Mais il n'a donné aucun détail sur les négociations qui ont conduit à cette libération, assurant qu'il était « trop tôt » pour évoquer d'éventuelles contreparties. Le Premier ministre François Fillon « se félicite » mardi de la « libération des infirmières et du médecin bulgares retenus en Libye depuis huit ans ». Dans un communiqué, il souligne que « cette libération a été rendue possible par les efforts conjugués du président de la commission européenne José Manuel Borroso et du Président de la République Nicolas Sarkozy ». Le Premier ministre français a salué « l'implication personnelle de l'épouse du chef de l'Etat dans cette libération tant attendue ».

Compromis financier

Cet heureux dénouement a pu être possible après la décision, le 17 juillet, du Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes de commuer la sentence des six condamnés à mort en peine de prison à vie. Il a fallu payer le prix fort pour mettre fin à leur cauchemar. Chaque famille de victime a reçu un dédommagement d’un million de dollars. Selon le porte-parole des familles, Idriss Lagha, le nombre de victimes s'élève à près de 460, dont une vingtaine de mères ayant été contaminées par leurs enfants. « Nous avons renoncé à la peine de mort, après que toutes nos conditions ont été remplies », a insisté Idriss Lagha. Les familles avaient refusé de signer le moindre document tant que l'argent ne leur avait pas été effectivement versé.
Le compromis financier a été négocié par la Fondation Khadafi présidée par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam. Selon la fondation, l'argent provenait du Fonds spécial d'aide de Benghazi, créé en 2005 par Tripoli et Sofia, sous l'égide de l'UE. Les Etats-Unis y participent également, selon la Fondation.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les accusés avaient signé une « demande de pardon et de clémence » auprès du Conseil supérieur des instances judiciaires, ainsi qu’ « un engagement pour garantir qu'ils n'engageraient pas de poursuites contre l'Etat libyen » pour leurs années de détention dans les geôles libyennes, avait indiqué l'avocat libyen des infirmières, Othman Al-Bizanti.
La décision de la plus haute instance judiciaire du pays avait été immédiatement saluée par les Etats-Unis, l'Union européenne et la France.

Mauvaises conditions d’hygiène

Emprisonnés depuis février 1999, les infirmières Kristiana Valtcheva, Nassia Nenova, Valia Tcherveniachka, Valentina Siropoulo et Snejana Dimitrova ainsi que le médecin d'origine palestinienne, Achraf Joumaa Hajouj, ont toujours clamé leur innocence, affirmant que leurs aveux ont été arrachés sous la torture.
Les six soignants étaient à l’époque venus renforcer les équipes médicales de l’hôpital national de Beghazy, la deuxième ville du pays, témoignant des mauvaises conditions d’hygiène du lieu. Depuis 56 enfants sont décédés du virus du Sida.
Les cinq infirmières et le médecin avaient déjà été condamnés à la peine capitale en 2004, en décembre dernier, et le verdict avait été confirmé le 11 juillet dernier. Et ce malgré les témoignages et les preuves médicales montrant que le VIH sévissait à l'hôpital de Benghazi avant même leur arrivée. Les six accusés ont notamment reçu le soutien de deux des chercheurs les plus éminents sur le virus, les spécialistes français Luc Montagnier et italien Vittorio Colizzi, pour qui la contamination résultait des mauvaises conditions d'hygiène de l'hôpital.

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
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