Ouverture dominicale : Christine Lagarde pour plus de flexibilité
Article du 02/08/2007
Plus de flexibilité et un « système de dérogation intelligent ». C’est ce que propose la ministre de l'Economie Christine Lagarde à propos de l’ouverture des commerces le dimanche.
« C'est un des exemples où on doit probablement adopter une méthode de flexibilité et de souplesse », a-t-elle expliqué sur France Inter. Un point que la traitera la commission sur les freins à la croissance présidée par l'ancien conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali.
« Je ne crois pas qu'on puisse avoir une règle absolument généralisée », a indiqué la ministre, avant de justifier que « toutes les zones de chalandise ne sont pas les mêmes, toutes les agglomérations ne se ressemblent pas » et, selon les villes, « le besoin de consommer (...), la faculté des commerçants d'offrir des produits (...) et le rôle des commerçants » sont « différents ».
« Je crois beaucoup aux vertus du système des dérogations intelligent » a-t-elle ajouté, faisant confiance en particulier au rôle du préfet, « parce qu'il apprécie beaucoup mieux les exigences locales ».
Le débat sur l’ouverture des commerces le dimanche a été relancé après l’interdiction de quatre enseignes installées à Plan-de-Campagne d’ouvrir le dimanche 22 juillet alors qu’elles avaient obtenues les dérogations nécessaires. Finalement, une seule avait affiché porte close ce jour-là et le préfet des Bouches-du-Rhône a fini par accoarder, vendredi 27 juillet, de nouvelles dérogations. Plan-de-Campagne est la plus vaste zone commerciale de France, située entre Marseille et Aix-en-Provence, et depuis quarante ans la moitié des 400 enseignes bénéficient de dérogations pour pouvoir ouvrir le dimanche.
Surplus salarial
Salariés, entreprises, détaillants, syndicats et consommateurs : les points de vue s’opposent sur le sujet.
La CGT et CFDT sont les plus farouches opposants à l’ouverture dominicale. Les syndicats dénoncent « l'abus » des dérogations accordées par les municipalités dans le cadre des « cinq dimanche ». En théorie, les commerces ne peuvent obtenir que cinq dérogations par an, souvent utiliser lors des périodes de Noël et de soldes. Dans un entretien au quotidien régional La Marseillaise, Avelino Carvalho, de l'union départementale CGT, a estimé que pour les salariés la banalisation du travail le dimanche signifierait « la fin du surplus salarial, en faisant du dimanche un jour normal ».
Mais bien souvent, les salariés qui travaillent le dimanche tiennent à leurs surplus salariaux qui représentent 20 à 25% de leur revenu mensuel. A Plan-de-Campagne, ils se sont regroupés au sein de l’association Génération Plan afin de défendre leurs intérêts.
La « rue des deux samedis »
Il s’agit là d’un débat national. En mai dernier, une boutique Mango près de Marseille était contrainte de fermer ses potes ce jour-là. Le tribunal administratif de Paris a annulé fin mai l’autorisation d’ouvrir le dimanche concédé fin décembre par la préfecture à un magasin Louis Vuitton dans le quartier des Champs-Elysées. Dans la rue des Francs Bourgois, surnommée « la rue des deux samedis », c’est tous les dimanches que les commerçants ouvrent leurs portes, passant outre l’interdiction. Début novembre 2006, une quinzaine d’enseignes ont été condamnés par le tribunal de grande instance de Paris, sous la menace d’astreintes de 3 000 à 16 000 euros par infraction. Insuffisant pour convaincre les commerçants qui réalisent entre 28 et 45% de leur chiffre d’affaires de jour là.
Les Français semblent pour leur part être pour l’ouverture dominicale à en croire une étude réalisée par TNS Sofres pour les grandes enseignes parisiennes. En effet 67% des Franciliens pensent que les magasins d’alimentation devraient pouvoir ouvrir plus souvent le dimanche. 66% sont pour l’ouverture des magasins d’équipement de la maison ou encore les magasins de produits culturels et technologiques et 59% aimeraient pouvoir faire leur shopping dans les magasins de vêtements et d’accessoires. Une ouverture dominicale permettrait de faciliter la vie de 48% des Franciliens pour trois raisons. Tout d’abord, les achats dans les grandes enseignes se font généralement en couple ou en famille. Ensuite, ils sont plutôt considérés comme des achats de plaisir et de détente. Enfin, cela permettrait de répondre au manque de temps qui semblent concernés 61% des habitants de la région parisienne. Autre idée à étudier : l'ouverture des enseignes en soirée défendue par 58 % des Parisiens.