Emploi : le Gouvernement va revoir le calcul du chomage
Article du 23/09/2007
Le gouvernement juge "logique" que l'Insee ne publie plus qu'une fois par trimestre le taux de chômage au sens du BIT, comme le recommande un rapport proposant en outre un changement du mode de calcul qui aboutirait à un taux "d'environ 8,2%" au 2e trimestre 2007.
Le rapport avait été commandé le 19 juin par le Premier ministre François Fillon aux inspections des Finances et des Affaires sociales, pour trouver une porte de sortie à la polémique sur la fiabilité des statistiques du chômage.
Ses recommandations pourraient "pour la plupart être rapidement mises en oeuvre", déclare la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde dans un entretien aux Echos à paraître lundi.
Ainsi, comme le recommande le rapport, "il semble logique de s'en tenir désormais à une publication trimestrielle, et non plus mensuelle" par l'Insee du taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), indique Mme Lagarde.
"Pour le reste, nous continuerons à publier mensuellement le nombre de demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) inscrits à l'ANPE", poursuit-elle, tout en reconnaissant les limites de cet indicateur, confirmées par le rapport.
Le document constate ainsi que les changements, sous l'impulsion du gouvernement, sur le suivi des chômeurs (convocations, formation, radiations, etc.) et la façon de les comptabiliser, "ont conduit à surestimer la baisse du chômage BIT en 2005 et 2006" de 0,2 à 0,4 point.
Au final, l'enquête emploi de l'Insee qui doit être publiée en novembre fait apparaître un taux de chômage BIT supérieur d'un point aux chiffres provisoires annoncés avant et après les élections: 9% au deuxième trimestre 2007, au lieu du 8% annoncé fin juin, indique le document.
Mais le rapport formule des recommandations sur le futur mode de calcul qui, si l'Insee les suit, "conduiraient à opérer une correction de l'ordre de -0,8 point".
Le taux de chômage BIT en France métropolitaine ne serait dès lors pas de 9%, mais d'"environ 8,2% pour le deuxième trimestre", avec une fourchette allant de 7,8% à 8,6%, selon le rapport.
L'Insee est en effet invité par les experts du rapport, parmi lesquels l'ancien ministre Bruno Durieux, à adopter l'interprétation plus restrictive que fait l'office européen des statistiques Eurostat des critères du BIT et à modifier ses méthodes de redressement pour intégrer le fait que le taux de chômage des non-répondants à son enquête emploi est plus faible que la moyenne.
"Subtile embrouille", a par avance critiqué le collectif de statisticiens, d'associations et de syndicats ACDC ("Les autres chiffres du chômage"), qui dénoncent depuis Noël, de concert avec un groupe de statisticiens du ministère de l'emploi (Dares), une sous-estimation du chômage.
Mme Lagarde estime qu'il faudra aussi "remédier" au problème de l'échantillon de l'enquête emploi de l'Insee, a ajouté la ministre. Cet échantillon de 75.000 personnes (pour un coup de 3,5 millions d'euros) est jugé trop faible par le rapport qui suggère de l'augmenter, voire "de le quadrupler".
"Je vais demander aux différents services concernés, et notamment à l'Insee, qui publiera en novembre les résultats issus de l'enquête emploi sur le taux de chômage en 2006 et au premier semestre 2007, de s'y atteler sans tarder. L'intégration des demandeurs d'emploi d'outre-mer, demandée par le Parlement cet été, interviendra au même moment", a-t-elle précisé.