Boulevard Saint-Germain, Place de la Concorde, Balard… Pour l’heure, le ministère de la Défense français est fractionné entre plusieurs implantations géographiques à Paris, ce qui pose parfois des problèmes logistiques et a, bien sûr, un coût. Or, dans le contexte actuel d’optimisation des dépenses publiques, une telle organisation n’a plus de sens.
C’est en tous cas la thèse défendue par le ministre de la Défense, Hervé Morin, dévoilée en avant-première hier matin par Le Figaro et qui fera demain l’objet d’un projet présenté lors du premier conseil de modernisation des politiques publiques, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
L’idée de ce projet : créer un ministère de la Défense unique – un peu sur le modèle de Bercy pour le ministère des Finances et de l’Economie –, situé à Balard dans le sud de Paris (XVème arrondissement), entouré des chefs d’état-major des différentes armes (terre, air, mer, et état-major des armées) et des directeurs centraux, sur le modèle du Pentagone américain
Selon l’entourage du ministre, le président de la République « réserve un accueil favorable » à ce projet, qui cadre avec son projet de rationalisation de la dépense publique.
Ce projet de « Pentagone français » pourrait devenir une réalité d’ici 2012. Le nouveau complexe immobilier serait implanté sur un domaine militaire de 16 hectares au total, qui comprend déjà la base aérienne 117, siège de l’état-major de l’armée de l’air, et accueille 5 000 fonctionnaires civils et militaires.
Huit hectares de foncier constructible sont aujourd’hui « sous-utilisés », comme le dit pudiquement le ministère de la Défense, avec des hangars, des parkings et deux vieux « bassins des carènes », construits au début du XXe siècle, ou l’on testait le comportement des navires en modèle réduit.
Au total, jusqu’à 10 000 personnes pourraient être amenées à travailler sur le site de Balard, pour lequel les études de faisabilité restent toutefois encore à faire, précise-t-on de source ministérielle.
Le projet doit permettre d’offrir des locaux modernes aux militaires qui travaillent souvent dans des sites prestigieux - boulevard Saint-Germain pour le ministère, ou face à la place de la Concorde pour l’état-major de la Marine - mais mal adaptés aux contraintes modernes.
L’opération serait autofinancée par la vente de certains sites prestigieux du ministère de la Défense dans le centre de Paris, le coût zéro pour les finances publiques étant une condition sine qua non pour le réaliser. Le nom des sites de la Concorde et du Boulevard Saint-Germain est notamment évoqué dans les médias. Seul serait conservé l’hôtel de Brienne où se trouvent les bureaux actuels du ministre et de ses équipes, notait hier Le Figaro dans son édition, précisant qu’il s’agit là d’ « un lieu d’histoire où de Gaulle et Clemenceau ont eu leur bureau ».
Sur un plan financier, la centralisation des services doit permettre de « mutualiser » certaines dépenses et d’éviter des doublons liés aujourd’hui à l’éclatement sur différents sites.
Sur le plan opérationnel également, Le Figaro parlait hier des avantages de cette optimisation de l’espace qui « permettra d’affirmer la cohésion du ministère, de rationaliser les implantations parisiennes et donc de réaliser des économies sur le soutien aux forces », citant une source anonyme proche du dossier.