Après 18 jours de grève, les agents du Port autonome de Marseille ont décidé samedi de mettre fin à leur mouvement. Il s’agissait de la grève la plus longue depuis 1993.
Après plus de deux semaines de négociations, au cours desquelles le dialogue avait été rompu à plusieurs reprises et deux premiers protocoles d’accord rejetés, les grévistes ont finalement obtenu un compromis.
Les salariés du PAM revendiquaient le droit d’effectuer les branchements et débranchements des bateaux au futur terminal que Gaz de France est en train de construire à Fos-sur-Mer sur le port (coût : 350 millions d’euros) et qui sera exploité dès 2008 avec Total. Mais ni la direction du Port ni Gaz de France ne souhaitent transiger à ce sujet mettant en avant des questions de sécurité.
GDF a finalement cédé et les agents ont obtenu cinq postes à temps plein, placés sous sa responsabilité, qui leur seront réservés dans le futur terminal gazier.
Jusqu’alors, GDF refusait que des personnels appartenant à une autre entreprise interviennent sur ces procédures de déchargement de gaz des bateaux une fois raccordé au terminal méthanier, un process à haut risque puisque le gaz manipulé est à une température de - 163° et que l’installation est classée Seveso. Pour GDF, il n’était pas question de transiger sur ces questions de sécurité à l’image de ce qui se pratique déjà sur les terminaux de Montoir-de-Bretagne et Fos-Tonkin où ce sont des salariés de GDF qui officient. De plus, GDF arguait qu’en tout, ce genre d’opérations ne devrait occuper que quelques 1 000 heures de travail par an, soit l’équivalent d’un emploi.
L’entreprise est finalement revenue sur sa position. Après deus jours de négociations à la préfecture de Marseille entre les parties impliquées, les représentants des salariés de la CGT, la direction du PAM et Gaz de France, samedi, une centaine de salariés ont voté à l’unanimité en faveur du protocole d’accord de fin de conflit conclu vendredi soir.
Reprise progressive de l’activité
Samedi, les opérations de pompage ont repris en fin de journée. Samedi matin, cinquante-neuf navires demeuraient bloqués devant Fos-sur-Mer et Marseille. Dix à quinze jours devraient être nécessaires pour traiter toutes les cargaisons en attente mais ce délai sera précisé après un point prévu lundi avec les clients du PAM, selon la direction du port.
Les conséquences financières de ces 18 jours d’arrêts de travail devraient également être bientôt diffusés. L’immobilisation des navires coûterait plus de 6 millions d’euros, précise l’UFIP. A cela, il faut ajouter les pertes induites de la baisse de cadence de production des raffineries de la zone de l'Etang de Berre et d’autres en France.
Le dernier conflit de ce type remonte à 2005. Il avait duré 14 jours et avait coûté 25 millions d’euros, selon Jean-François Cousinié, le délégué régional de l’UFIP.
Le Port Autonome de Marseille (PAM) en bref :
Le PAM est le troisième port mondial pour les hydrocarbures après Rotterdam (Pays-Bas) et Houston (Texas), avec un trafic de 64,2 millions de tonnes en 2006. Mi-janvier, la direction du PAM avait annoncé avoir retrouvé un trafic supérieur à 100 millions de tonnes en 2006, qu’il n’avait plus atteint depuis 1980, pour un chiffre d’affaires de quelque 184 millions d’euros (+ 5 %).
Il emploie 1 501 salariés, dont 228 sont affectés au secteur pétrolier. Le port de Marseille-Fos occupe tout de même une superficie équivalente à celle de Paris intra-muros.
Les agents du PAM sont employés de l’établissement public dont ils assurent le fonctionnement. A ne pas confondre avec les dockers, payés par les sociétés privées de manutention.
