Otan : retrouvailles délicates avec Vladimir Poutine au sommet de Bucarest

Les dirigeants de l'Otan retrouvent vendredi à Bucarest leur partenaire le moins commode, le président russe Vladimir Poutine, au lendemain de la décision de l'Alliance de surseoir à l'examen des candidatures de la Géorgie et l'Ukraine, qui suscitent l'hostilité de Moscou.
C'est la première fois que le chef de l'Etat russe, sur le départ du Kremlin, participe à la réunion du Conseil Otan-Russie, le forum qui encadre la coopération entre les Occidentaux et leur ancien adversaire de la Guerre froide.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan aborderont avec lui les multiples contentieux accumulés ces derniers mois, de l'élargissement de l'Alliance à l'indépendance du Kosovo en passant par le bouclier anti-missile américain ou la suspension par Moscou du traité sur les Forces conventionnelles en Europe.
A l'occasion de cette réunion, la Russie devrait exprimer sa volonté de faciliter le transit, jusqu'à présent épisodique, par son territoire de matériels ou d'équipements destinés aux forces de l'Otan combattant les talibans en Afghanistan.
« Nous espérons que la réunion (...) débouchera, entre autres résultats, sur l'accord de transit par voie terrestre de matériels non-militaires pour l'Isaf en Afghanistan », a déclaré jeudi soir le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer.
Soucieux pour certains, comme l'Allemagne et la France, de ménager la susceptibilité russe, les Alliés n'ont pas suivi jeudi la volonté initialement exprimée par le président américain George W. Bush d'accorder sans délai le statut de candidat officiel à l'Otan que demandaient la Géorgie et l'Ukraine.
Ils ont néanmoins pris l'engagement d'accueillir à plus long terme en leur sein ces deux anciennes républiques soviétiques, façon de marquer que la Russie n'a pas de droit de veto indirect sur l'élargissement de l'Otan.
Les dirigeants de l'Otan ont proposé à la Russie, dans la déclaration finale de leur sommet jeudi soir, de coopérer davantage dans le domaine de la défense anti-missile.
Mais ils ont aussi apporté leur appui au projet des Etats-Unis d'installer en Pologne et en République tchèque des éléments du bouclier américain auquel Moscou s'est opposé avec virulence dès son lancement.
L'atmosphère de cette réunion d'adieu dépendra surtout du choix de Vladimir Poutine de renouveler ses récentes attaques contre l'expansion de l'Otan, promue par les Etats-Unis, ou bien de calmer le jeu avec l'Alliance, six ans après la création du Conseil Otan-Russie qui était censé jeter les bases d'une nouvelle entente.
Au lendemain de la rencontre de Bucarest, le président russe accueillera George W. Bush à Sotchi, sur le littoral russe de la Mer Noire.