16 000 plaignants. 800 cabinets d’avocats sur le pont. Un logiciel créé ad hoc pour recenser tout ce monde. Une loi créée sur mesure introduisant un mécanisme similaire, véritable « lex Telekom », élaborée pour répondre aux besoins de cette affaire titanesque et entrée en vigueur en 2005. Un tribunal délocalisé dans un centre de congrès pour pouvoir accueillir tout le monde. Le procès qui s’est ouvert ce matin à Francfort est celui de tous les superlatifs.
Le numéro un des télécommunications Deutsche Telekom, ex-monopole public, est accusé par 16 000 de ses actionnaires qui s’estiment floués d’avoir mal évalué la valeur de son portefeuille avant d’introduire en Bourse une troisième tranche de son capital, en 1999, ce qui avait contraint le groupe à déprécier fortement ses actifs immobiliers en 2001, provoquant une chute brutale du cours de l’action et des millions de pertes pour les actionnaires. Ceux-ci réclament aujourd’hui quelque 80 millions d’euros de dommages et intérêts au groupe.
Une série d’autres sujets devrait également être abordée dans ce qui sera le procès de toute une époque et de ses excès. Par exemple le rachat à prix d’or de l’américain Voicestream qui fera l’objet des premières audiences mais aussi l’acquisition ruineuse de licences de téléphonie mobile de troisième génération (UMTS) ou encore la sous-évaluation par Deutsche Telekom de la concurrence sur ses marchés.
Pour le moment, 17 audiences sont prévues d'ici fin mai, mais il est peu probable qu'elles voient la fin du procès, qui pourrait durer encore plusieurs années.