Union Européenne : La France, mauvais élève de la Stratégie de Lisbonne
Article du 15/04/2008
Le bilan de la France au regard des objectifs fixés par l’Union Européenne à Lisbonne en 2000 destinés à faire de l’UE l’économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, est « décevant », estime le rapport de Laurent Cohen-Tanugi, avocat à qui le gouvernement français avait confié en octobre une mission sur « L’Europe dans la mondialisation ».
Selon ce rapport remis mardi à la ministre de l’Economie, « l’évaluation globale des résultats des Etats membres de l’Union Européenne à 27 au regard des objectifs finaux et intermédiaires de la Stratégie de Lisbonne fait apparaître que la France occupe une position relativement médiane, et parfois médiocre ».
Ses performances s’avèrent ainsi « préoccupantes en termes de taux d’emploi global (elle est 18e sur 27), de taux d’emploi des travailleurs âgés (18e), de dette publique (19e), de taux de croissance (23e), d’âge moyen de sortie du marché du travail (24e) ainsi que de taux de chômage des jeunes (24e). « Au total, la France n’atteint que trois des quatorze objectifs identifiés par le Conseil européen : ceux relatifs à la proportion d’enfants accueillis dans des structures subventionnées, au niveau des aides d’Etat et à la transposition des directives », fait valoir le rapport.
Concernant le marché de l’emploi, la Commission européenne a observé que la France s’engageait dans la voie de la flexi-sécurité et que des réformes « ambitieuses » du marché du travail avaient été lancé, relève toutefois le rapport.
La France serait pénalisée par sa taille dont découlerait une « plus grande difficulté à mettre en mouvement l’économie et la société » mais aussi par des facteurs politiques. Ainsi « la période 2000-2005 a été marquée par une conjoncture politique française peu propice à des réformes d’envergure, difficulté aggravée ensuite par l’échec du référendum du 29 mai 2005 », selon le rapport. La période 2008-2010 représente « une période d’action critique pour la France », estime-t-il aussi.
Prioritairement, la France doit combler son retard dans la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation, indique-t-il : « pour nous mettre à niveau des meilleures pratiques de l’OCDE (...) la France doit faire un effort majeur de l’ordre de 3 points de PIB, soit près de 50 milliards d’euros par an ». La mission préconise ainsi une ouverture à l’investissement privé d’entreprise et suggère de mener à son terme l’autonomie des universités.
Elle juge ensuite qu’il faut « dynamiser l’environnement des entreprises et des salariés » et « faire des politiques climatiques et énergétiques un nouveau moteur de la croissance ». Pour ce faire, elle propose par exemple de substituer une taxe carbone à la taxe professionnelle. « L’effort financier à accomplir, si l’on veut appliquer Lisbonne avec succès, est massif : un total de près de 90 milliards d’euros par an », reconnaît le rapport, qui préconise « une réorientation sans précédent de la politique budgétaire ». Il juge notamment nécessaire de « ne plus diminuer les recettes publiques ».