A l’occasion de la publication des résultats annuels 2007 de la société Aérowatt, producteur indépendant d’électricité à partir d’énergie renouvelable (éolien et solaire depuis peu) en France métropolitaine et en Outre-Mer, Francebourse s’est entretenu avec Jérôme Billerey, Président du Directoire de la société.
Francebourse.com : Aérowatt a annoncé de très beaux chiffres pour 2007, avec un chiffre d’affaires consolidé de 7,092 millions d’euros, en hausse de 57 % et un résultat d’exploitation qui grimpe de 225 % à 541 000 euros, même si le résultat net part du groupe reste négatif de 652 000 euros, bien meilleur qu’attendu. Quel bilan tirez-vous de cette année 2007 ?
Jérôme Billerey : En effet, ce sont des chiffres supérieurs à nos premières prévisions. Il faut bien voir que nous sommes dans un métier, la vente d’électricité d’origine éolienne, qui fonctionne selon des cycles longs, ce qui nous confère une assez bonne visibilité pour les années à venir, et que notre modèle économique fait que nous allons installer davantage de mégawatts. Du coup, Aérowatt sait assez longtemps à l’avance où il va et peut tenir un discours réaliste au marché.
Mais c’est vrai qu’en 2007, les choses sont allées plus vite que prévu grâce à notre politique d’investissement et à la qualité de notre outil industriel. La croissance de notre résultat d’exploitation tient à plusieurs facteurs. L’acquisition de participations dans des parcs de Nouvelle-Calédonie fin 2006 a porté ses fruits sur l’exercice 2007. De même les retours financiers des nouveaux mégawatts installés fin 2006 - début 2007 se sont faits sentir l’an passé. Enfin la société ne comptabilise plus le chiffre d’affaires à l’avancement à la fin du projet mais à mi-parcours. Cela reste toutefois un point secondaire.
Il faut aussi souligner qu’Aérowatt a su maîtriser ses coûts internes et de personnel malgré une masse salariale qui est passée de 17 à 33 personnes. Néanmoins, cet effort de développement a pesé sur le résultat net. Mais nous visons le retour à l’équilibre en 2008.
Francebourse.com : La croissance était de 50 % de 2005 à 2006, de 57 % de 2006 à 2007. A quoi pouvons-nous nous attendre pour 2008 ?
Jérôme Billerey : 2008 devrait être relativement semblable à 2007. Nous allons bien évidemment rajouter quelques mégawatts dans notre portefeuille productif, pour répondre à nos commandes. Nous comptons sur notre parc existant et sur les dernières livraisons d’actifs pour alimenter notre croissance cette année.
Encore une fois nous sommes dans des cycles longs, notamment sur les projets éoliens. Pour Aérowatt, la vraie marche d’escalier devrait se faire sentir en 2009-2010. Nous espérons alors une vraie explosion de la production d’énergie et donc de notre chiffre d’affaires. L’hypothèse d’un chiffre d’affaires 2010-2011 d’environ 30 millions d’euros reste tout à fait valable.
Aérowatt compte aussi sur le développement de son activité dans le solaire. A ce sujet, notre souhait serait que, dans cinq à sept ans, l’activité solaire pèse autant que l’activité éolienne dans le chiffre d’affaires de la société. Dans le solaire photovoltaïque, il faut toutefois préciser que les cycles sont plus courts, les projets plus rapides donc nous avons moins de visibilité à moyen terme mais cela en fait un bon relais de croissance complémentaire. D’ores et déjà, dans le cadre de notre collaboration dans les DOM avec Apex BP Solar, nous avons installé 1,5 MWc fin 2007. D’ici à 2009, ce seront 12 MWc qui seront installés.
Francebourse.com : Comment évoluera votre parc éolien dans les années à venir ?
Jérôme Billerey : A l’heure actuelle, Aérowatt produit 70 % de l’électricité éolienne d’Outre-Mer. Si nous y sommes fortement implantés, nous le sommes très bien également en France métropolitaine. A terme, nous espérons que l’Outre-Mer ne représentera moins d’un tiers environ de notre patrimoine.
Dans l’éolien toujours, Aérowatt pourrait se développer au Maroc et à l’île Maurice. Si les partenariats étaient validés, les investissements pourraient commencer à Maurice dès la fin de l’année. Le potentiel de l’île est de 40 à 60 MW installés d’ici à cinq ans. Mais rien n’est encore fait. Pour l’instant l’international n’est pas notre priorité.
Aérowatt possède aujourd’hui 57 MW dans l’éolien. Une centaine de MW supplémentaires est en construction. La société aimerait détenir d’ici 2010 un portefeuille de 150 MW. A cela s’ajoutent 265 MW en conception, c’est-à-dire sécurisés mais qui n’ont pas encore reçu toutes les autorisations. Nous ne pouvons donc en maîtriser à l’heure actuelle toutes les variables, telles que le rythme de leur développement, les besoins financiers pour les mettre en œuvre… Toutefois, ces projets ont de grandes chances de voir le jour. La société peut donc espérer détenir un patrimoine éolien de 500 MW en 2013-2015.
Enfin, nous avons identifiés des projets qui laissent entrevoir 870 MW supplémentaires.
La construction de 100 MW coûte environ 150 millions d’euros. Aérowatt devra sans doute, pour assurer son développement, lever des capitaux. Lors d’une première opération en 2006, nous avions expliqué que cette enveloppe nous permettrait de tenir deux à trois ans. Aujourd’hui, la question se pose à nouveau bien que nous n’en connaissions pas ses conditions. Nous avons le choix des options mais il apparaît de plus en plus clair que le Marché Libre n’est plus taillé pour nous.
Francebourse.com - Propos recueillis par Alexandra Voinchet