La Bourse de Paris a terminé en baisse cette séance marquée par de nombreuses statistiques notamment américaines. L’indice CAC 40 a finalement cédé en clôture 0,31 % à 4 929,55 points, très proche de son cours d’ouverture. Le CAC a touché un plus bas en séance à 4 861,22 points.
Hier, la Bourse de Paris avait fini en net rebond, le CAC 40 gagnant 1,48 % à 4 944,65 points.
Le FTSE Eurofirst 80 a perdu 0,06 % à 4 840,82 points.
La Bourse de New York a ouvert en hausse, un recul des demandes d’allocations chômage rassurant les investisseurs, inquiets de la santé de la consommation, après la prudence des groupes Apple, Amazon et Starbucks pour le reste de l’année 2008.
Mercredi, Wall Street avait terminé en hausse grâce aux résultats de l’avionneur Boeing: le Dow Jones avait gagné 0,34 %, le SP 500 0,29 % et le Nasdaq 1,19 %.
Un peu avant 18h ce soir, le Dow Jones gagnait 0,27 % à 12 798,31 points et le Nasdaq montait de 0,79 % à 2 424,10 points.
Malgré de bons résultats trimestriels, le groupe informatique Apple a indiqué que sa marge a baissé et annoncé des prévisions en deçà de celles des analystes. Scénario identique pour le distributeur en ligne des produits de loisirs Amazon, qui a livré de perspectives de croissance plus basses en dépit de solides résultats sur les trois premiers mois de l’année. Après une baisse de ses ventes, la chaîne de cafés Starbucks a lancé hier un avertissement sur résultats, les consommateurs américains boudant ses coûteux expresso sous l’effet de l’intensification de la crise.
Pour les analystes, les trois groupes indiquent que la flambée des prix du pétrole et de l’alimentation pèsent dans le porte-monnaie des consommateurs américains.
Du côté des Etats-Unis, « l’emploi a été une bonne surprise pour les investisseurs », commente Mace Blicksilver, stratège au cabinet MarbleHead Asset Management. Considérées comme l’une des mesures de la vitalité du marché du travail, les demandes d’allocations chômage aux Etats-Unis ont en effet chuté de 33 000 la semaine dernière à 342 000, alors que les analystes s’attendaient à une hausse de 3 000 à 375 000.
La moyenne mobile, plus pertinente, sur quatre semaines s’établit à 369 500 contre 376 750 la semaine précédente.
Ces chiffres suggèrent que l’emploi « est en train de se relever de la crise », renchérit Al Goldman (Wachovia Securities).
En revanche, mauvaise nouvelle dans l’immobilier. Les ventes de logements neufs ont baissé de 8,5 % en mars à 526 000 unités (en rythme annuel), contre 580 000 ventes attendues. C’est le niveau le plus bas depuis octobre 1991.
Le prix médian de vente a connu sa plus forte baisse mensuelle sur un an depuis 1970. Le prix médian des ventes de logements neufs a baissé de 13,3 % sur un an à 227.600 dollars, au plus bas depuis septembre 2006.
En outre, les commandes de biens durables ont continué de baisser en mars aux Etats-Unis : -0,3 % à 212,2 milliards de dollars en données corrigées des variations saisonnières, a annoncé le Département du Commerce, alors qu’elles étaient annoncées stables. Elles diminuent ainsi pour le troisième mois consécutif.
Les nouvelles commandes ont progressé le mois dernier de 1,5 % hors transport, alors que celles d’équipements de transport ont reculé de 4,6 %, avec une baisse également de 4,6 % de celles d’automobiles et de pièces automobiles, leur plus fort recul depuis août.
Les commandes de biens d’équipement hors défense et aéronautique, un chiffre très suivi pour mesurer l’appétit d’investissement, sont elles par contre restées inchangées en mars après – 2 % en février.
En Europe, l’horizon économique s’assombrit. La confiance des entrepreneurs chute dans plusieurs pays de la zone euro.
En Allemagne, le baromètre Ifo de confiance des chefs d’entreprise a connu une baisse surprise en avril, à 102,4 points, contre 104,8 points en mars et un consensus qui le donnait à 104,3. « Le poids négatif du niveau élevé des prix du pétrole et de l’euro et de la crise financière commence à faire sentir ses effets », a déclaré à Reuters Klaus Abberger, économiste de l’Ifo. Le constat est semblable en France.
En Belgique également, l’indicateur de confiance des entrepreneurs a plongé à son plus bas niveau depuis août 2005, après trois mois consécutifs d’amélioration. Il a également fortement reculé aux Pays-Bas.
Au Royaume-Uni, le volume des ventes de détail a reculé de 0,4 % en rythme séquentiel en mars, selon les chiffres de l’ONS.
En France, l’indicateur qui mesure le moral des industriels a cédé deux points à 106 points par rapport au mois précédent, indique l’INSEE. Ce recul trahit l’entrée de l’économie française dans une phase de ralentissement. Il s’agit du plus faible niveau depuis janvier 2007, relèvent les économistes.
Les entrepreneurs français « semblent enfin prendre la mesure de la dégradation des perspectives d’activité, avec le ralentissement de la croissance mondiale, la flambée des prix de l’énergie et le niveau record de l’euro, mais aussi l’affaiblissement de la demande domestique », soulignent les analystes de Global Equities.
Si leur moral avait jusqu’ici bien résisté, c’est, selon Marc Touati, de Global Equities, parce que le cycle européen suit normalement le cycle américain avec un retard de deux trimestres, et parce que l’industrie n’est pas en première ligne de la crise actuelle.
Il ne faut pour autant pas trop s’alarmer, rassurent certains analystes.
Hier, on apprenait que la consommation des ménages avait fortement reculé dans l’Hexagone en mars (- 1,7 %) après un rebond en février. En cause directement : la hausse des prix alimentaires. Last but not least, la zone euro a dégagé un excédent courant brut de 5 milliards d’euros en février après un déficit de 17,9 milliards en janvier, a annoncé la Banque centrale européenne.
Entraîné par ces statistiques, notamment la publication de l’indice allemand Ifo, l’euro recule fortement de 1,4 % face au dollar, à 1,5664 dollar pour un euro.
Le pétrole recule de 1,06 % à 117,05 dollars. L’accès de vigueur du billet vert, dans lequel les achats pétroliers sont réglés, participe de cette tendance baissière du baril. Ce tassement de l’or noir reste toutefois limité après la publication des stocks pétroliers américains. Le facteur géopolitique, avec des attaques de la rébellion nigériane sur des infrastructures pétrolières des Shell qui a relancé une procédure d’urgence, reste aussi un soutien de poids pour le marché.
A suivre demain vendredi 25 avril :
- aux Etats-Unis : l’indice de confiance des consommateurs du Michigan d’avril
- au Royaume Uni : une estimation du PIB pour le premier trimestre 2008
- en Espagne : le taux de chômage pour les trois premiers mois de l’année