Mardi, le Crédit Agricole a fait les gros titres des médias financiers en annonçant plusieurs chiffres avant l’heure et une prochaine augmentation de capital.
La crise financière a divisé par trois le bénéfice de la banque au premier trimestre, à 892 millions d’euros après 1,205 milliard d’euros de dépréciations liées aux crédits à risque américains qui affectent Calyon, sa banque de financement et d’investissement. Le Crédit Agricole a déjà annoncé un bénéfice en recul en 2007 après avoir dû passer pour 3,3 milliards d’euros de dépréciations. La banque a enregistré une perte de 857 millions d’euros pour le seul quatrième trimestre de l’an dernier, qui avait concentré les effets de la crise. Calyon avait payé le plus lourd tribut à la crise, avec une perte nette de 1,912 milliard au dernier trimestre et de 904 millions sur l’année.
Son produit net bancaire (PNB), l’équivalent du chiffre d’affaires, a reculé de 18 %, à 4,11 milliards d’euros, au titre du premier trimestre.
Mise à mal, la banque française a pris des mesures. Il va s’agir pour elle de relever ses fonds propres grâce à une augmentation de capital qui sera lancée « avant l’été ». Le montant est de 5,9 milliards d’euros. Le montant élevé de cette levée de fonds - Société Générale avait levé 5,5 milliards pour faire face à des pertes de 7 milliards - a intrigué les analystes. Crédit Agricole explique que les pertes de Calyon la privent des ressources pour faire face aux acquisitions « engagées mais non encore clôturées », pour 1,1 milliard d’euros.
L’augmentation de capital s’accompagne d’un plan de maîtrise des coûts, avec pour objectif de limiter à 1 % la croissance de ses charges. Pour Calyon, le plan prévoit de réaliser au moins 150 millions d’euros d’économie en 2008.
Le directeur général du Crédit Agricole, Georges Pauget, a refusé d’indiquer si le groupe envisageait de supprimer des emplois. « Ca reste dans ma tête », a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique ce matin.
Dans la foulée, le groupe a annoncé le remplacement du directeur général de Calyon, tenu pour responsable de son embourbement dans la crise des « subprime ». Calyon a accusé une perte de 795 millions au premier trimestre. Marc Litzler, un ancien de la Société Générale qui avait fait carrière dans les dérivés actions, sera remplacé par Patrick Valroff, actuel directeur du pôle Services financiers spécialisés, un homme du sérail entré au Crédit Agricole en 1997.
Pour s’en remettre, la première banque de détail européenne verte a également annoncé également le « gel » des acquisitions qu’il avait évoquées en mars. Le Crédit Agricole renonce donc pour le moment à acquérir l’espagnole Bankinter, dont elle détient déjà plus de 20 % du capital, et l’italienne Banca Delle Marche.
Le groupe envisage enfin de céder jusqu’à « 5 milliards d’euros » d’actifs non stratégiques dans les 18 mois à venir.
