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Liban : un risque d’embrasement

Article du 04/06/2007

Alors que l’armée libanaise a bombardé le camp de Nahr al-Bared, les heurts ont fait leur apparition dans le sud du pays, à l’entrée du camp de réfugiés d’Aïn Héloué, à Saïda. Aïn Héloué est le plus peuplé des douze camps de réfugiés palestiniens que compte le Liban. Des dizaines de familles de réfugiés palestiniens ont fui le camp sous les échanges armés entre miliciens islamistes et soldats libanais.
Selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources militaires et hospitalières, 107 personnes ont été tuées depuis le 20 mai.
Le front est désormais double pour l’arme libanaise qui veut réduire les forces de deux groupuscules extrémistes : ceux du Fatah al-Islam, qui se sont retranchés dans les camps de réfugiés palestiniens du Nord du pays, et ceux du Jund al-Cham. Le Jound al-Cham est un groupe salafiste comme le Fatah al-Islam mais dont les membres à la différence de ce dernier sont tous Palestiniens.
Basé en Syrie, le Fatah al-Islam est un groupuscule extrémiste palestinien - qui emploie également d’autres nationalités arabes et des anciens combattants en Irak -, émanation du prosyrien Fatah-Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 1980 et opposé au Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.
Le mouvement dit partager les analyses d’Al Qaïda, sans pour autant entretenir de liens opérationnels avec la nébuleuse dont Oussama ben Laden.
Son leader, Chaker al-Absi, est recherché dans trois pays depuis sa libération en Syrie. Parmi les militants du Fatah al-Islam tués par l’armée libanaise figurerait Saddam el-Hajdib, numéro 4 de l’organisation et soupçonné de participation à un attentat avorté contre un train l’été dernier en Allemagne. Considéré comme proche de l’ancien chef d’Al-Qaïda en Irak al-Zarqaoui, l’homme avait été jugé par contumace au Liban en relation avec cette tentative d’attentat.
Le Fatah al-Islam est soupçonné par les autorités libanaises d’être l’outil des services de renseignement syriens dans une tentative de déstabilisation du Liban. Damas dément. Mais les relations entre les deux pays ont toujours été plus que tendues.
En février 2005, la mort criminelle de l’ancien premier ministre Rafic Hariri est pour beaucoup de Libanais le fait de la Syrie. Cet attentat provoque des manifestations libanaises sans précédent contre l’occupation syrienne. Mi-mars, sous la pression de la rue et la pression internationale, et après 30 ans de contrôle, Damas déclare à l’ONU son intention de retirer l’ensemble de ses forces et personnels de renseignement du Liban. Un retrait effectif mais à reculons durant tout le printemps 2005 même si la multiplication des attentats contre des personnalités politiques durant le restant de l’année 2005 témoigne pour certains d’un reliquat de présence syrienne au Liban.

Les camps de réfugiés, zones inviolables violées

Dans le Nord du pays, les affrontements se poursuivent entre les soldats et les extrémistes du Fatah al-Islam. Le Premier ministre Fouad Siniora a affirmé ce week-end que la seule issue était la « reddition » des hommes armés. Mais le Fatah al-Islam assure qu’il se battra « jusqu’à la dernière goutte de sang ». 5 000 civils se trouveraient toujours dans le camps de réfugéis, selon l’agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa).
Ce mouvement militant sunnite a fait du camp de réfugiés de Nahr al Bared sa base opérationnelle l’année dernière. Un bastion idéal pour ces miliciens dans la mesure où les camps de réfugiés constituent une zone de non droit particulièrement difficile à appréhender sur le plan de législation. Aux termes d’accords libano-palestiniens conclus il y a 38 ans, les forces de l’ordre libanaises ne sont pas autorisées à entrer à l’intérieur des camps palestiniens. Les activistes palestiniens violent eux le droit de l’ONU en étant armés dans un camp de réfugiés. Pour autant, les violences qui secouent le pays depuis fin mai remettent en cause la violabilité de ces règles et de droit international dont elles découlent.
Ces violences interviennent alors que les Occidentaux - Etats-Unis, France et Grande-Bretagne - ont déposé au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à mettre en place un tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri, actuellement bloqué par la crise politique à Beyrouth.
Ces heurts ont également lieu quasiment un an après la guerre entre le Liban et Israël. En 2006, suite à un accrochage entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière, la guerre avait mis à sac les réussites de la reconstruction et du renouveau économique du Pays du Cèdre, fort de 4,5 millions d’habitants. Ces violences ont fait plus de 1 200 morts parmi la population civils, dont 30 % d’enfants de moins de 12 ans, et près d’un million de déplacés. Le coût des destructions au Liban est estimé à au moins 15 milliards de dollars. Sans compter l’instabilité politique et économique qui est le quotidien du pays depuis l’assassinat de Rafic Hariri.
Les Etats-Unis ont déjà accordé 40 millions de dollars d’assistance militaire au Liban en 2006 et 5 millions en 2007. Une enveloppe grossie par d’autres contributeurs internationaux, parmi lesquels la France qui a toujours eu des liens étroits avec le Liban. D’ailleurs, en janvier dernier, Paris avait accueilli une réunion internationale pour tenter de sortir le Liban de la banqueroute - la dette libanaise atteint les 41 milliards de dollars.
Mais ces aides restent toutefois insuffisantes pour remettre le pays sur pied, assurer les nécessaires réformes socio-économiques et politiques, redresser l’économie, permettre les opérations de déminage et d’enlèvement des engins non explosés…
La reprise des violences au Liban n’est donc pas de bon augure.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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