Dossier spécial - Les particuliers seront-ils gagnants dans la libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité ?
Article du 29/06/2007
Des tarifs plus bas que ceux de l’opérateur historique ? Des abonnements moins chers ? Des services en plus ?
Les promesses des opérateurs alternatifs de gaz et d’électricité, qui multiplient les campagnes publicitaires à quelques jours de la deuxième étape de la libéralisation du marché énergétique européen, sont alléchantes.
Pourtant, les réticents sont nombreux et multiplient les arguments anti-sortie du marché régulé.
Petit état des lieux.
Des offres qui se multiplient…
La CRE, Commission de régulation de l’Electricité, fournit sur le site Internet energie-info.fr de multiples conseils sur les démarches à suivre en cas de changement. Encore faut-il avoir une idée claire de sa situation. Ainsi, si un logement dispose déjà de gaz et / ou d’électricité le consommateur est libre de conserver son offre aux tarifs réglementés ou de choisir une offre du marché. En cas d’emménagement dans un logement précédemment occupé, le nouvel habitant des lieux peut jusqu’au 30 juin souscrire à l’offre aux tarifs réglementés. A partir du 1er juillet en revanche, il faudra choisir entre l’offre réglementée à condition que l’occupant précédent n’ait pas souscrit à une offre de marché dans ce logement ou directement une offre de marché. Enfin, troisième situation, en cas d’emménagement dans un logement neuf, le même chois sera proposé au client, sous contrainte de respecter un certain calendrier.
… et ne manquent pas d’attirer les critiques
Dans ce dernier cas, les clients ne pourront plus souscrire aux tarifs règlementés à compter de 2010. Comprendre : l’exception française en la matière devrait prendre fin d’ici trois ans. Il s’agit là du principal bémol soulevé par les anti-libéralisation, forts du souvenir d’une expérience passée : celle de la libéralisation du secteur des télécoms qui n’avait, au final, pas servi les prix à la baisse.
En France, l’offre au tarif réglementé est fixée par les ministères en charge de l’Economie et de l’Energie. Les prix sont plus bas que ceux du marché selon le souhait du gouvernement.
Autre argument mis en avant : une fois dehors, difficile de revenir dans le marché réglementé. Cela s’est déjà produit pour les clients professionnels : certains qui avaient quitté le giron d’EDF pour la concurrence ont du faire des pieds et des mains pour revenir provisoirement à des tarifs réglementés. EDF a mis en place depuis le 3 janvier un « tarif de retour » destiné aux clients mécontents d’avoir opté pour le marché libre.
Chez GDF, par exemple, le prix du gaz devrait rester fixe pendant un à trois ans, à partir du 1er juillet 2007 et il n’y aura pas de hausse cette année GDF compte bien ainsi pouvoir garder la totalité de ses clients chauffés au gaz.
La dernière hausse des prix du gaz remonte au 1er mai 2006, les prix avaient alors grimpé de 5,8 %, selon l’accord entre GDF et l’Etat français. Cette fois-ci, Jean-François Cirelli, le PDG de Gaz de France, espérait une hausse de l’ordre de 4 %. Refusée par Jean-Louis Borloo durant son bref passage à Bercy sous le gouvernement Fillon I.
En électricité, le prix fixe sera pour sa part le même que le tarif réglementé actuel.
A noter que les professionnels, pour qui le marché est déjà ouvert depuis 2004, bénéficieront eux aussi d’une période transitoire : le Tartam ou « tarif réglementé transitoire d’ajustement du marché ». Le Tartam doit permettre de réduire l’écart entre les prix de marché et le tarif administré, jusqu’à la fin 2008. Légalement, les prix de l’électricité seront plafonnés et ne pourront être supérieurs de plus de 23 % à ceux du secteur réglementé.
Mais pour en bénéficier, les entreprises concernées doivent se manifester avant le 30 juin de cette année.
Et pourtant…
… les prix de l’électricité baissent en Europe et, en premier lieu, en France : - 26,3 % à 0,064 euro le kilowattheure (KWh))après une hausse record de plus de 48 % en 2005 sur son marché dérégulé, selon une étude de Nus Consulting0, l’observatoire international des coûts énergétiques. Seules la Suède (0,0494 euro par KWh) et la Finlande (0,0530 euro) proposent un courant moins cher en Europe.
Parmi les pays enregistrant une hausse (Italie, Pays-Bas, Espagne, Etats-Unis, Australie, Canada et Afrique du Sud), l’Australie accuse la plus forte augmentation, de près de 20 %, imputable en partie à l'impact d’une sécheresse prolongée sur ses installations de génération d’électricité. « La communauté internationale a majoritairement intégré le concept de déréglementation de la fourniture d’électricité », dont l’objectif est de « faire baisser les prix », souligne l'étude. « Mais les variations de prix témoignent de la volatilité des marchés ouverts à la concurrence », ajoute-t-elle. « D’une façon générale, tous les pays européens s’accordent à reconnaître que leurs marchés de l’énergie n'avaient pas été aussi instables depuis des dizaines d’années, et cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir », précise NUS.
… les nouveaux promettent des prix bas
De leurs côtés, les petits nouveaux, Electrabel, Poweo, Direct Energie ou Altergaz…, plaident leur cause. Ainsi Charles Beigbeder, le PDG de Poweo, certainement l’un de plus connus, revendiquait-il dans La Tribune du 1er juin « des prix de revient inférieurs à ceux du marché et la possibilité d’offrir (…) des prix inférieurs aux tarifs réglementés et, ce, sur la durée ». Et dans les Echos du même jour assurait que les prix des forfaits que Poweo proposera le mois prochain seront inférieurs en moyenne de 10 % à ceux d’EDF.
Chez Altergaz, l’objectif est de séduire 350 000 ménages en cinq ans, ce qui reste peu à côté des 11 millions de ménages sur le marché français. Le fournisseur de gaz devrait proposer des prix inférieurs de 5 % aux tarifs réglementés.
Electrabel (Suez) fera une offre « low cost » ainsi qu’une offre « 100 % énergies renouvelables ». La coopérative Enercoop, elle, proposera de l’électricité « verte » 30 à 40 % plus cher que les tarifs réglementés, mais compte sur le réseau « bio » pour atteindre 10 000 clients particuliers en 2009.
Il faudra aussi compter sur les opérateurs étrangers qui chercheront sans doute à séduire la clientèle française.
Le consommateur devrait donc y gagner. Même si la patience semble être la meilleure posture à l’heure actuelle, rien n’empêche, précise la CRE, pour un consommateur particulier d’avoir deux fournisseurs : un pour l’électricité et un autre pour le gaz naturel.
Les fournisseurs :
- d’électricité
Alterna
Direct Energie
EDF
Electrabel Suez
Enercoop
Gaz de France Dolce Vita
GEG Sources d’énergie
Poweo
Proxelia
- de gaz naturel
Altergaz
EDF
Gaz de France Dolce Vita
Poweo
Francebourse.com – Alexandra Voinchet
Retrouvez sur notre site Francebourse.com notre dossier spécial sur la libéralisation du marché européen de l’électricité et du gaz :
- Histoire d’une libéralisation
- GDF et EDF sont prêts
- L’ouverture de la concurrence séduit de moins en moins les professionnels