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L’UE se cherche une politique énergétique face à la Russie

Article du 20/10/2006
Les 25 membres de l’Union européenne, réunis en sommet à Lahti, en Finlande, n’ont pu éviter un constat amer. La pieuvre énergétivore russe reste une menace. Alors que l'Europe cherche à conclure un partenariat stratégique avec Moscou pour sécuriser son approvisionnement en gaz et pétrole, la politique autoritaire et nationaliste du Kremlin complique le dialogue.
La crise du gaz russe qui avait secoué l’Europe de l’Est en début d’année reste encore vive dans les mémoires. Le chantage n’est pas apparu seulement comme une affaire d’argent mais surtout comme une arme politique de la part de la Russie. Gazprom, le monopole national, fournit environ la moitié du gaz consommé dans l'UE et 80 % de ce volume transite par des gazoducs passant par l'Ukraine. L’absence d’une véritable Europe de l’énergie s’était faite cruellement sentir à travers ce différent.
Aux premières heures de l’hiver, l’UE s’inquiète à nouveau d’une crise énergétique. Et se cherche une politique commune, qui, depuis la création de la CECA, fait cruellement défaut. Le processus de discussion avec Moscou, appelé "Dialogue énergétique", date de septembre 2001. Et la dernière rencontre, le 25 mai 2006, entre le ministre russe de l'Industrie et de l'Énergie, Viktor Khristenk, et son homologue européen, le commissaire Andris Piebalgs, a confirmé les domaines de coopération possibles : de la reconnaissance de l'opportunité de contrats à long terme "pour faciliter les investissements requis dans l'exploration, la production et le transport de gaz et d'énergies fossiles" à une "participation mutuelle dans les actifs des compagnies énergétiques", en passant par le développement de l'interconnexion des réseaux électriques. Sans pour autant prendre des engagements fermes.

Un climat tendu
Hier, Jose Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a appellé les 27, ce qu’ils seront à partir du 1er janvier 2007 avec les deux nouvelles adhésions, à dégager au plus vite une "définition commune [afin"> d'utiliser toutes les possibilités qui [leur"> sont offertes pour s'employer à convaincre la Russie de l'intérêt mutuel d'un tel exercice". C'est que les récentes manifestations de puissance du Kremlin et de Gazprom n'ont pas manqué d'inquiéter les capitales européennes. Les menaces qui pèsent sur les licences de Shell ou Total, écarté de l'exploitation du projet Chtokman - ce gisement très prometteur, en mer de Barents, sera réservé à Gazprom -, incitent les dirigeants à la méfiance. Pendant ce temps, la Russie place ses pions sur le marché européen, en achetant par exemple des participations dans le groupe aéronautique EADS.
En outre, la réunion tombe fort mal, entre la crise en Géorgie et l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, "ce n'est pas le moment de râler sur les droits de l'homme", concède un diplomate de la Vieille Europe. Le dîner organisé hier entre les représentants européens et Vladimir Poutine a donc du ressembler à un exercice de style diplomatique. Le président russe sait se servir habilement des désunions européennes à son égard. La France, l'Allemagne et l'Italie comptent parmi ses meilleurs alliés, malgré la crise en Tchétchénie.
Mais le temps presse. Moscou ne ratifiera pas la Charte de l'énergie sous sa forme actuelle, qui le contraindrait à ouvrir ses tuyaux à des pays tiers et accroîtrait la concurrence sur son marché. Le "partenariat stratégique", destiné à succéder à l'accord de partenariat et de coopération de 1997 qui expire dans un an, doit être approuvé par les ministres des Affaires étrangères européens les 13 et 14 novembre à Bruxelles. Une nouvelle session du "Dialogue énergétique" doit avoir lieu à la fin de ce mois, suivie du 18e sommet Union-Russie, le 24 novembre à Helsinki. Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker estime que "la Russie est un partenaire stratégique pour l’UE".
Si les discussions ne semblent pas avoir avancé au niveau international, en revanche des mesures ont été prise au sommet de Lahti. La Commission européenne a ainsi présenté un plan d'action sur la consommation d'énergie de l'UE afin d'en économiser 20 % d'ici à 2020 par rapport à ce qu'elle serait sans nouvelles mesures. Parmi les actions prioritaires, elle prévoit d'adopter d'ici à fin 2008 des normes minimales de performance énergétique pour 14 groupes de produits (ordinateurs, télévisions, chargeurs...). Les nouvelles installations d'électricité, de chauffage ou de climatisation de moins de 20 mégawatts sont également visées.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet (avec Reuters et Le Figaro)


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