Troisième jour de galère pour les usagers des transports en commun. En province comme en Ile-de-France, le trafic de la SNCF et des transports urbains, notamment ceux de la RATP, n’ont pas repris leur cours ordinaire.
Le trafic SNCF s’améliore un peu mais est toujours perturbé au plan national, avec 250 TGV prévus, contre 700 en temps normal, et une soixantaine de trains Corail. 60 Thalys sur 67 devaient circuler, tandis que le trafic Eurostar est normal.
En province, le trafic des TER est réduit, avec environ un train sur deux, contre un sur trois la veille, et 2 500 bus de substitution sont prévus sur certaines lignes.
Les usagers doivent donc prendre une journée de plus leur mal en patience. La lassitude était palpable Gare de Lyon, vendredi matin, même si les voyageurs montraient une certaine résignation.
En région parisienne, à la SNCF (Transilien et plusieurs lignes de RER), de 2 à 4 trains devraient circuler par heure, sur certaines lignes et aux heures de pointe, avec 1 000 bus en complément de la desserte ferroviaire, un trafic en légère amélioration par rapport à la veille.
La SNCF précise que la desserte du Stade de France sera assurée ce soir pour le match amical de football entre la France et le Maroc.
Du côté de la RATP, le trafic restait très perturbé, équivalent en moyenne à celui de jeudi, vers 09H15 vendredi matin, avec une légère amélioration sur la ligne de RER A (1 rame sur 6), tandis que la ligne B restait complètement bloquée. Sur les lignes du métro, les temps d’attente étaient compris entre 10 et 50 minutes. Certaines lignes ne fonctionnaient pas du tout en revanche ce matin, comme la ligne 3.
On compte environ 30 % à 40 % de bus, selon la direction. Mais aux arrêts de bus, de nombreuses lignes n’étaient pas assurées alors que certaines prévoyaient un trafic quasi normal.
Hier soir, déjà la circulation en Ile-de-France était difficile avec un périphérique et les principaux axes engorgés. Ce matin, on a compté jusqu’à 240 kilomètres de bouchons. Le trafic routier autour de Paris s’améliorait toutefois à 9H10, avec 115 km de bouchons, et quelques ralentissements sur le périphérique, mais guère plus qu’un jour habituel.
Quid des négociations ?
Ces perturbations continuent alors que gouvernement et syndicats se livrent à un dialogue de sourd. Après avoir laissé entrevoir une sortie de crise rapide mercredi avec un accord sur le principe de négociations tripartites (Etat, syndicats, directions) par entreprise, le dialogue semble au point mort entre syndicats et gouvernement.
La lettre du ministre du Travail, envoyée mercredi soir aux syndicats, n’a pas convaincu. Dans sa missive, Xavier Bertrand accordait « un mois » aux syndicats pour trouver une issue avec les entreprises, et acceptait la participation de l’Etat aux négociations, réclamée par la CGT, tout en exigeant « le respect des principes d’harmonisation ». Hier, les discussions n’ont pas permis de débloquer la situation.
Xavier Bertrand, le ministre du Travail, a souligné ce matin sur RTL que l’ouverture « immédiate » de négociations restait conditionnée à « un appel à la reprise du travail » de la part des organisations dans les entreprises. Au même moment, Didier Le Reste (CGT Cheminots) demandait sur France Info « d’autres réponses qu’on n’a pas eu jusqu’à présent ». « Personne n’a à gagner à ce que le mouvement dérape, s’enlise », a-t-il dit.
La condition gouvernementale est donc fixée. Reste à voir l’attitude des centrales syndicales. La plupart des assemblées générales (AG) à la SNCF et RATP ont décidé de reconduire vendredi le mouvement de grève « pour 24 heures », soit jusqu’à samedi.
Par ailleurs, des premières tensions sont apparues ce matin autour de certains piquets de grève. Des grévistes de la SNCF ont ainsi empêché des trains qui devaient desservir la gare Saint Lazare de quitter leur dépôt, en se mettant sur la voie avec des pétards et des fumigènes, une attitude « inacceptable », selon la direction. Xavier Bertrand a condamné le principe de piquets de grève et les « exactions ».
Hier, le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux de retraite a été suivi par 42,8 % des salariés de la SNCF, contre 61,5 % mercredi, selon la direction, qui a été devancée par l’Elysée dans son annonce du taux de grévistes.
A la RATP, où quatre syndicats sur huit poursuivent le mouvement, la direction comptait jeudi 27,2 % de grévistes, contre 44 % mercredi.
A EDF et GDF, où FO et CGT disaient poursuivre le mouvement, le taux de grévistes a chuté à 2,1 % et 3,6 %.
Mais si les directions syndicales semblent plus ouvertes au dialogue - plusieurs confédérations syndicales ont émis le souhait d’une reprise du travail, comme la CFDT de François Chérèque -, il semblerait que la « base », les salariés syndiqués, soient eux plus décidés à agir.