Devises : Les Européens parlent taux de change en Chine
Article du 27/11/2007
La délégation européenne est arrivée à Pékin. Sa mission : s’entretenir avec les autorités chinoise sur les déséquilibres sino-européens et l’un de ses principaux coupables désignés, le yuan. Une visite sans précédent.
C’est par des entretiens avec le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, qu’a commencé cette visite du président du groupe des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, du responsable de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet, et du Commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.
Le trio européen devrait s’entretenir demain avec le ministre des Finances, Xie Xuren, et le Premier ministre, Wen Jiabao, selon des sources européennes.
Ce principe d’échanges directs revêt une importance grandissante pour les Européens qui instaureraient bien un dialogue économique stratégique, à la manière de celui créé entre Chinois et Américains en 2006, pour aplanir les difficultés bilatérales.
Mais au premier plan des sujets de friction figure la question étroitement liée aux taux de change du déficit commercial de l’Union européenne. Celui-ci, de quelque 130 milliards d’euros en 2006, devrait encore augmenter de « 20 % ou 25 % » cette année et ne « peut continuer indéfiniment de se creuser », souligne l’ambassadeur de l’UE en Chine, Serge Abou.
La zone euro veut faire comprendre à la Chine que son poids économique lui confère désormais une responsabilité croissante dans la politique monétaire internationale.
Alors que les exportations européennes se retrouvent handicapées par un euro fort, elles affrontent un yuan à un niveau artificiellement bas, favorisant le « Made in China », selon Bruxelles. L’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Chine.
En visite en fin de semaine en Chine, devançant donc de quelques heures ses compatriotes européens, le président français Nicolas Sarkozy a plaidé pour un yuan fort, estimant qu’ « un grand pays doit avoir une monnaie forte ». La Chine est accusée de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations et sa très vigoureuse croissance économique, ce qui lui procure un avantage compétitif supplémentaire par rapport aux Européens déjà pénalisés par la hausse de l’euro.
Pékin a répondu aujourd’hui : les autorités chinoises disent « comprendre les préoccupations européennes » mais elles refusent tout changement brusque. Pékin préfère une réforme de son « régime du taux de change » graduelle.
Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang, le yuan s’est tout de même apprécié de quelque 9,5 % face au dollar depuis la réévaluation de juillet 2005. Il a incriminé la faiblesse du billet vert pour expliquer que la monnaie chinoise s’était dépréciée par rapport à l’euro (- 10 % depuis le début de l’année en rythme annuel).