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Smoby-Majorette : les ambitions de MGA Entertainment

Article du 23/04/2007
L’accord signé entre Smoby-Majorette, le fabricant français de jouets, et son concurrent américain, MGA Entertainement, marque une étape cruciale pour le développement de la firme jurassienne et l’avenir du secteur du jouet en France.
Placé sous une procédure de sauvegarde à sa demande depuis le 20 mars dernier, Smoby-Majorette cherchait à sortir du tunnel dans lequel l’avait mise une politique de croissance externe un peu trop hâtive et gourmande et financièrement défavorable. Car Smoby-Majorette croule sous les dettes : 300 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 349 millions d’euros sur l’exercice 2005-2006.
Pour autant, l’entrée de MGA Entertainement dans le capital de Smoby suscite des questions.
L’accord signé entre les deux fabricants prévoit un désengagement total de la famille Breuil qui détient actuellement 52 % du groupe jurassien. Selon ce qu’annonce Isaac Larian, le PDG de MGA au journal Le Monde, Jean-Christophe Breuil, membre de la famille fondatrice et actuel PDG de Smoby, devrait rester « le directeur général pour la France et occupera certaines fonctions pour l’Europe comme les ventes, le marketing ou le développement de produits ».
MGA ne cache pas ses ambitions pour le groupe français qu’il veut convertir en numéro un européen. « Smoby, avec MGA et notre participation dans le groupe allemand Zapf (23 %) et Little Tikes que nous avons racheté l’année dernière, deviendra numéro un en Europe », affirme Isaac Larian
MGA Entertainement fabrique (en Chine) les poupées Bratz et des produits dérivés du dessin animé Shrek. Il a racheté l’an dernier aux États-Unis Little Tikes, qui produit des jeux d’extérieur similaires à ceux de Smoby et 23 % du fabricant allemand de poupées Zapf.
« Avec ce rapprochement, nous visons un chiffre d’affaires additionnel de 25 à 30 % dès la première année », souligne-t-il.
Il faudra auparavant redresser la santé financière de Smoby qui paie le prix cher d’une politique d’acquisitions un peu trop gourmande. Le PDG de MGA se dit « prêt à mettre le montant qu’il faudra pour assurer le redressement de Smoby ». « Nous disposons d’ores et déjà d’une ligne de crédit négociée avec nos banques et nous n’excluons pas, même si ce n’est pas une solution privilégiée, de nous introduire en Bourse », indique-t-il.
MGA prévoit par ailleurs « d’imposer un rééchelonnement de la dette sur dix ans » pour épurer un endettement de l’ordre de 270 millions d’euros.

Les interrogations sur l’emploi

Pour autant, toutes les propositions du PDG de MGA Entertainement ne sont pas rassurantes pour les salariés du groupe jurassien. En effet, Isaac Larian assure que son groupe fera tout pour éviter des suppressions d’emploi mais ne garantit rien.
« Au cours des prochaines semaines, nous allons procéder à un audit des usines de Smoby pour en détecter les failles », ajoute-t-il, expliquant que le groupe va « sans doute mettre en place un système d’information unique pour optimiser les achats et envisage de réunir toutes les entités de recherche et de marketing du groupe en Europe chez Smoby ». De telles restructurations dans les chaînes de décision voire de fabrication ne sauraient se faire sans poser la question de l’emploi.
Smoby emploie 2 700 personnes dont 1 300 en France. Dans les vallées jurassiennes, le fabricant de jouet reste un des principaux employeurs.

Les raisons de la déroute de Smoby

La société a fait des erreurs. La première conversion de l’entreprise jurassienne date de 1947 lorsqu’elle évolue vers la production d’articles de bazar en plastique injecté. La deuxième de 1970 avec le début des jouets en plastique.
Au début des années 2000, l’entreprise familiale, née en 1924, se penche sur sa croissance et aboutit à la conclusion que, dans un secteur si concurrentiel, il lui faut grandir pour tenter de rivaliser avec ses concurrents, des géants mondiaux comme Mattel ou Habsbro. Jean-Christophe Breuil, descendant du fondateur, est alors aux commandes de l’entreprise depuis ses 23 ans, à la mort de son père en 1993.
En 2003, le rachat de Majorette Toys pour 25 millions d’euros, auprès de l’allemand TriumphAdler, hisse le groupe au premier rang français : l’entreprise prend alors une dimension internationale.
En 2005, Smoby acquiert Berchet, son grand rival jurassien alors en difficultés. Smoby tente ainsi d’atteindre la « taille critique » et rentre dans le « top 10 » mondial des fabricants de jouets. A l’époque, Berchet réalise un chiffre d’affaires de 135 millions d’euros contre 290 pour Smoby.
Mais l’entreprise présente déjà quelques symptômes et l’opération avec Berchet s’avère compliquée. Lourdement endetté, Berchet grève le bilan. Le groupe accuse une perte nette de 25,7 millions d’euros (dont 45 % imputables à Berchet). La production est réorganisée, certains jouets ne sont plus fabriqués. La direction ramène le nombre de sites industriels d’une dizaine à quatre. Sans toucher aux effectifs : 1 500 personnes en France, sur 2 750 au total. Mais, depuis 18 mois, malgré les efforts, l’entreprise ne se relève pas, même si les ventes se sont redressées, de l’ordre de 6 %, en décembre dernier.
« Aujourd’hui les fondamentaux sont bons, expliquait Jean-Christophe Breuil en mars dernier, l’exploitation est à l’équilibre, les commandes sont en hausse de 19 % depuis le 1er janvier, nous ne perdons pas de parts de marché, nous payons nos fournisseurs. Nous avons un problème bancaire, pas industriel, social ou commercial ».
Là où le bât blesse, ce sont les liquidités. L’entreprise a accusé une perte nette de 25,5 millions d’euros en 2005 - 2006 et de 9 millions d’euros au premier semestre 2006-2007. Soit un endettement total de 300 millions d’euros pour 58 millions de fonds propres. Smoby-Majorette se trouve incapable d’honorer le remboursement avant fin mars d’un prêt relais de 27 millions d’euros. Devant le risque de cessation de paiement, la direction a donc demandé la protection de la justice au Tribunal de Lons-Le-Saulnier.
La procédure de sauvegarde, inspirée de la loi américaine sur les faillites dite « Chapter 11 », est entrée en vigueur le 1er janvier 2006. Selon le ministère de la Justice, elle concernait en janvier 2007 près de 500 entreprises dont Eurotunnel ou le quotidien Libération. Il s’agit d’une alternative préalable à la mise en redressement. Dans plus de 80 % des cas, elle permet la poursuite de l’activité, contre 30 % dans le cadre d’un redressement.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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