Immobilier : La déduction des intérêts d’emprunts immobiliers, une mesure aux effets limités
Article du 21/08/2008
La mesure date d’un an. Elle permet de déduire une partie des intérêts d’emprunts immobiliers pour les résidences principales. C’était l’un des points clés de la loi TEPA. Le crédit d’impôt est égal à 40 % des intérêts d’emprunt payés la première année de remboursement, à 20 % les quatre années suivantes. Il est plafonné à 3 750 euros pour une personne seule, 7 500 euros pour un couple majoré de 500 euros par personne à charge.
L’heure est aujourd’hui au bilan et il se trouve que cette mesure a eu des effets limités sur le secteur du logement, selon une enquête auprès des professionnels du secteur menée par l’AFP.
Au gouvernement, on se veut optimiste. Cela a permis « de soutenir le marché immobilier », affirme le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Nénamoins, Bercy reconnaît que « la montée en puissance de cette mesure pourrait être ralentie du fait de la conjoncture immobilière, mais elle intervient au meilleur moment pour soutenir la construction et aider ceux qui le souhaitent à acquérir leur résidence principale ».
Pour Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université de Paris X-Nanterre, « dans la situation actuelle, c’est plus une bouée de sauvetage qu’un dispositif d’incitation ». Ce crédit d’impôt a profité, sur les avis d’imposition 2008 pour les revenus de 2007, à près de 320 000 foyers fiscaux, selon le ministère de l’Economie. Le coût total pour l’Etat serait cette année compris entre 250 et 300 millions d’euros, d’après Michel Mouillart. Selon lui, en 2009, première année pleine de son application, 750 000 ménages (220 000 dans le neuf, 530 000 dans l’ancien) devraient en bénéficier pour un montant total de 1,150 milliard d’euros. « L’effet attendu par cette mesure a été très fortement réduit par la dégradation des conditions d’emprunt - les taux d’intérêt ont augmenté de 1 % en un an - et par la difficulté actuelle d’accès au crédit immobilier du fait de la politique des banques », souligne Henry Buzy-Cazaux, le délégué général de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier). « Dans la perception des clients, il y a un trop grand décalage entre l’achat et cette mesure dont ils ne commencent à voir les effets financiers qu’à partir de 18 mois après le passage chez le notaire », déplore Bernard Cadeau, président du réseau d’agences immobilières Orpi. « Malheureusement le crédit d’impôt, qui fait partie d’un saupoudrage fiscal, a été absorbé par l’augmentation des prix pratiqués par les vendeurs », regrette Pierre Taboret, directeur général adjoint de CAFPI, le premier courtier de crédit immobilier en France.
Autre inconvénient : les établissements financiers « n’intègrent pas dans leurs calculs pour les prêts immobiliers les économies, parfois importantes, réalisées grâce à ces déductions futures », ajoute Bernard Cadeau.