Le gouvernement en est fier. Il a annoncé le 30 juillet dernier un cinquième mois consécutif de baisse du chômage. Un taux tombé en juin à 8% de la population active, au sens du Bureau international du Travail (BIT). La situation sur le marché du travail semble donc s’améliorer.
Malgré cette embellie, les incertitudes demeurent. Incertitude statistique, le calcul du taux de chômage étant toujours l’objet d’une polémique. Incertitude sur la réalité de cette embellie également, beaucoup d’emplois étant créés en intérim.
En effet, si l’emploi salarié a retrouvé le chemin de la croissance depuis 2004, la progression des effectifs s’accompagne d’une forte hausse du travail intérimaire et donc du nombre de personnes susceptibles d’alterner travail et chômage.
Sur un an, les emplois intérimaires ont augmenté de 6,9% à 706 500 personnes en juin, selon l’Unedic. Au premier trimestre 2007, près de 60% des emplois salariés ont été créé en intérim.
Les inscriptions à l’ANPE consécutive à une fin de mission d’intérim ont d’ailleurs augmenté de 4% au second trimestre alors que tous les autres motifs d’inscriptions ont diminué par rapport au premier trimestre.
En évolution annuelle, les secteurs ayant connu la plus forte hausse d’emplois intérimaires sont les services aux particuliers (+18%), de l'énergie (+13,7%), des transports (+13%), des activités immobilières (+11,7%) et des industries agricoles et alimentaires (+11,6%). Le seul secteur à avoir enregistré une baisse (-6,9%) est celui qui regroupe éducation, santé et action sociale.
L'ensemble des catégories socioprofessionnelles enregistre une hausse de leurs effectifs intérimaires. Environ quatre intérimaires sur cinq est un ouvrier. Mais c’est l’industrie qui est le secteur le plus « gourmand ». Alors qu’il ne représente que 21% de l’emploi salarié total, il emploie 46,7% des intérimaires. L'industrie automobile (13,7%), les industries des biens intermédiaires (11,7%) et la construction (11,4%) sont les secteurs où l'effectif intérimaire par rapport à l'effectif total est le plus représenté, précise le régime d’assurance chômage.
Enfin, les régions ayant le plus recours à l'intérim sont la Picardie, la Franche-Comté, la Haute-Normandie, le Pays de Loire et le Centre, qui se situent au-dessus de la moyenne nationale (4,7%).
Si le taux de chômage recule chaque mois, le marché de l’emploi semble donc devenir de plus en plus précaire. On est encore loin de l’objectif de plein-emploi de Nicolas Sarkozy : « un chômage inférieur à 5% et un emploi stable à temps complet pour tous ».
Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP
Voir aussi :
DOSSIER CNE : Le CNE a raté sa période d’essai de deux ans
DOSSIER CNE : Un OVNI dans le droit du travail
DOSSIER CNE : Le CNE a bien du mal à se faire embaucher
DOSSIER CNE : Le contrat unique pour unique contrat ?
DOSSIER CNE : Contre le CPE, la France mobilisée