Ukraine: les pro-occidentaux proches de la victoire

Le président ukrainien Viktor Iouchthenko a appelé mercredi à la formation d'une large coalition entre les pro-occidentaux et les pro-russes à l'issue des législatives anticipées de dimanche.
La déclaration du président ukrainien Viktor Iouchtchenko était très attendue mercredi alors que les pro-occidentaux ont quasiment remporté les législatives de dimanche et que Kiev est de nouveau aux prises avec Moscou sur les livraisons de gaz.
L'intervention du chef de l'Etat, attendue initialement pour 09H30 GMT a été retardée mais restait programmée pour le début de l'après-midi. Il doit faire une déclaration « sur la formation de la coalition » gouvernementale, a annoncé la présidence.
La victoire du camp pro-occidental semble acquise, le bloc Ioulia Timochenko (30,78%) et le parti présidentiel Notre Ukraine-Autodéfense populaire (14,20%) obtenant ensemble 44,98% des voix, après le dépouillement de bulletins dans 99,42% des bureaux de vote.
De son côté, le Parti des Régions du Premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch (arrivé en tête avec 34,28%) peut compter sur les communistes (5,38%), ses alliés dans le gouvernement sortant, pour obtenir un total de 39,66%, insuffisants pour revendiquer la victoire. Même s'il rallie le Bloc Litvine (3,96%), à l'étiquette floue, il peut réunir un total de 43,64%, toujours un brin derrière le camp orange.
Le Parti socialiste, allié des pro-russes dans le cabinet sortant, ne semble pas pouvoir entrer à l'assemblée avec 2,87%, le seuil minimum étant fixé à 3%. « Même s'il s'agit de résultats préliminaires, il faut reconnaître que nous avons perdu », a déclaré au quotidien Kommersant un candidat à la députation socialiste, Vassyl Syltchenko.
Un haut responsable de la présidence a indiqué mardi que le chef de l'Etat entendait annoncer une coalition avec l'égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko « d'ici à la fin de la semaine ». Cette dernière a déjà été Premier ministre de février à septembre 2005 avant d'être limogée par Viktor Iouchtchenko sur fond de rivalités personnelles et de luttes de pouvoir au sein de l'équipe victorieuse lors de la révolution pacifique de 2004.
Pour rendre la future coalition plus solide, le président Iouchtchenko a rencontré mardi Volodymyr Litvine, chef du bloc portant son nom, pour le convaincre de rejoindre les pro-occidentaux, selon Kommersant et le quotidien populaire Komsomolskaya Pravda. Selon ce dernier, Volodymyr Litvine a accepté.
La presse évoquait également des tractations entre les pro-occidentaux sur le partage des postes au sein de la future coalition. Les deux partis ont signé un accord sur l'attribution du poste de Premier ministre à la force qui obtient le meilleur score lors du scrutin. Les autres portefeuilles doivent être distribués à parité. « La position du président et de notre formation est que nous devons contrôler la justice et les forces de l'ordre », a indiqué un responsable de Notre Ukraine Mykola Onichtchouk au quotidien économique Delo.
En revanche, les postes relatifs aux « questions économiques et sociales » devraient être proposés au bloc Timochenko, a-t-il ajouté.
Selon Kommersant, les deux formations doivent tenir une réunion conjointe « ces prochains jours » pour adopter le programme du futur gouvernement et « un protocole sur la répartition des postes » au parlement et au gouvernement.
Le géant russe Gazprom s'est invité dans la politique ukrainienne en menaçant mardi de réduire ses livraisons de gaz naturel à l'Ukraine si Kiev n'honore pas avant la fin octobre une dette de 1,3 milliard de dollars.
Une menace relevant « du chantage politique » pour le quotidien ukrainien Ekonomitcheskie Izvestia. « Le Kremlin a exprimé de manière spectaculaire son attitude face au succès de Ioulia Timochenko », commentait de son côté le journal Gazeta 24.