La justice tchadienne a condamné à 8 ans de prison les six membres français de l’association L’Arche de Zoé. La Cour criminelle de N’Djamena les a jugés coupables d’avoir tenté d’enlever 103 enfants au Tchad afin de les emmener en France il y a deux mois.
Si les six Français, le président de l’association Eric Breteau, son assistante Emilie Lelouch, les logisticiens Alain Péligat et Dominique Aubry, le médecin Philippe Van Winkelberg et l’infirmière Nadia Merimi, écopent de 8 ans de travaux forcés, les deux Africains qui les accompagnaient, Mahamat Dagot, un chef de quartier de Tiné, ville frontalière du Soudan, et Souleïmane Ibrahim Adam, un Soudanais qui a servi d’intermédiaire dans la région d’Adré, autre localité de l’extrême est du Tchad, ont eux bénéficié de « larges circonstances atténuantes » et écopent de quatre ans de prison ferme pour « complicité de tentative d’enlèvement d'enfants ».
En plus de la peine de prison, les huit coupables ont été condamnés à verser « solidairement » aux familles des 103 enfants un total de 4,12 milliards de francs CFA soit 6,3 millions d’euros de dommages et intérêts.
Hier soir, seuls leurs avocats ont pu approcher les Français dans leur cellule de la maison d’arrêt de la capitale tchadienne. Désormais, ils vont tenter de faire rapatrier les membres de l’organisation en France où les travaux forcés n’existent pas.
Le ministère français des Affaires Etrangères a d’ailleurs fait savoir que Paris demanderait « aux autorités tchadiennes le transfèrement en France des condamnés » pour qu’ils y purgent leur peine, conformément à une convention de coopération judiciaire de 1976. De source diplomatique à N’Djamena citée par l’AFP, ce rapatriement pourrait intervenir « très rapidement ».
Les membres de L’Arche de Zoé ont été arrêtés le 25 octobre à Abéché, principale ville de l’est tchadien, alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer 103 enfants à bord d’un Boeing-757 afin de les emmener en France, où les attendaient des familles d’accueil. L’opération avait été condamnée par Paris et N’Djamena. Son principal instigateur, Eric Breteau, a esquissé quelques regrets lors du procès. « Nous avons toujours recherché des orphelins du Darfour », a-t-il affirmé. Si les 103 enfants « sont Soudanais (...), nous les avons privés d’un avenir meilleur », a-t-il dit. « S’ils sont Tchadiens et qu’on nous a menti, si nous les avons séparés de leurs familles, nous sommes navrés, sincèrement désolés, car nous n’avons jamais voulu les séparer des familles ».