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Arche de Zoe : Les détenus français s'estiment incompris

Article du 21/11/2007
Le bâtiment de haute sécurité, baptisé « Guantanamo », est au fond de la cour de la maison d'arrêt de N'Djamena. C'est là que sont détenus, et visiblement bien traités, les six Français et quatre Tchadiens inculpés dans l'affaire de L'Arche de Zoé.
Huit cellules donnent sur un couloir. Les six membres de l'association qui a tenté de transporter en France 103 enfants en occupent deux, mais peuvent circuler pendant la journée dans cet espace où sont détenus les quatre responsables tchadiens accusés de complicité.
Le pompier Dominique Aubry accueille des journalistes, dont une de l'AFP, ayant reçu l'autorisation de rencontrer les détenus.
« Asseyez-vous », dit-il, indiquant un petit « salon » aménagé à l'aide de matelas et d'une natte.
Les six Français semblent en bonne santé. Seule l'infirmière Nadia Merimi, brièvement hospitalisée le 11 novembre à la base militaire française à la suite d'un « malaise », reste allongée, le visage caché entre les mains.
« Elle a des hauts et des bas », explique Dominique Aubry. « On a chacun sa manière de réagir, on vit la prison différemment », commente Emilie Lelouch, assistante du président de l'association, Eric Breteau. « On est forcément pas bien, puisqu'on est en prison ».
Selon les prisonniers, l'administration pénitentiaire fait des efforts pour les conditions de détention. « Regardez, on a des matelas, des moustiquaires », lance Emilie Lelouch en faisant visiter les deux cellules où dorment les six Français. Eric Breteau renchérit: « L'administration de la prison fait tout pour que l'on soit bien ». « On a installé des rideaux pour se protéger des regards des autres détenus », poursuit Emilie. En face, ils sont une demi-dizaine par cellule, porte fermée.
Avec les cartons de rations militaires françaises, les détenus, dont certains portent encore les t-shirts « Children Rescue », ont confectionné des étagères pour leurs effets personnels.
« Nos comptes (bancaires) personnels et ceux de l'association ont été bloqués, mais on a quand même pu acheter tout ce que vous voyez et on paie un restaurant de N'Djamena pour qu'il nous livre de la nourriture », explique Emilie Lelouch.
Dans une cellule se trouvent deux des quatre Tchadiens inculpés de complicité. « Il y en trois sur quatre qu'on n'avait jamais vus », assure Emilie Lelouch. « Le chef de quartier est le seul qu'on connaissait », précise Eric Breteau, qui a mis hors de cause les trois autres, le sous-préfet, le maire et le secrétaire général de la mairie de Tiné (frontalière du Soudan).
« Je ne comprends pas pourquoi je suis là », proteste en anglais le sous-préfet Ama Adam Idriss Hori. « Je n'avais jamais vu ces personnes avant ».
Eric Breteau, lui, « s'étonne » du fait qu'un traducteur et un colonel de l'armée tchadienne, qui ont collaboré selon lui avec l'association et « qui nous ont dit (...) que les enfants étaient des orphelins du Darfour, ne soient pas inculpés ».
L'association affirme que les enfants étaient des orphelins du Darfour (ouest du Soudan). Mais selon une enquête d'organisations humanitaires internationales, la quasi-totalité d'entre eux viennent de villages tchadiens et ont au moins un parent ou un adulte qu'ils considèrent comme tel.
Gràce à la radio, les six Français ont pu parfois se faire une idée de ce qui se passait à l'extérieur.
« On est surtout frustrés de ne pas pouvoir donner notre version des faits et on a l'espoir qu'on reconnaisse qu'on était là pour faire un travail humanitaire », explique Emilie Lelouch. « Ce qui nous hante, c'est qu'on les renvoie (les enfants) d'où ils viennent », c'est-à-dire selon elle au Darfour.

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